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Pompiers de l’aéroport de Mayotte : du ras-le-bol au « sabotage », il n’y a qu’un (faux) pas

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Trois pompiers ont été entendus, ce jeudi, par le procureur de la République puis le juge des libertés et de la détention dans le cadre du déroutement du Paris-Dzaoudzi du 1er octobre. Ils sont ressortis du tribunal judiciaire en liberté conditionnelle avec une audience prévue le 9 décembre. Chez les pompiers du département, l’heure est à la solidarité. Et à aiguiser une défense déjà bien rodée « après deux ans de mépris ».

 L’affaire avait fait grand bruit. Le 1er octobre au matin, l’avion en provenance de Paris est contraint de changer de cap pour aller se poser à La Réunion. Il ne pourra pas, comme prévu, se poser sur le sol mahorais. En cause, la dégradation de matériels nécessaires à la sécurité des atterrissages. Très vite, il est entendu qu’à l’origine de ces actes se trouvent des pompiers grévistes de l’aéroport. « Un acte de sabotage », a dans la foulée réagi le préfet de Mayotte, « condamnant avec la plus grande fermeté ces actes d’une extrême gravité et formant le souhait que leurs auteurs soient très durement sanctionnés ». « Des plaintes seront déposées dès ce matin pour identifier et poursuivre les auteurs de cette action insensée et criminelle qui aurait pu entraîner des conséquences dramatiques », a alors insisté le délégué du gouvernement par voie de communiqué.

« C’est la manifestation d’un ras-le-bol »

Pas question, donc, d’en rester là pour les autorités. Alors, dans la journée de jeudi, trois pompiers ont été déférés au tribunal judiciaire de Mamoudzou après plusieurs heures de garde à vue. Résultat de la rencontre avec le procureur de la République : une mise en examen pour « entrave à la navigation ou à la circulation d’un aéronef », une infraction du Code des transports prévoyant une peine allant jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 18.000 euros d’amende. Est également reproché aux trois pompiers la dégradation de véhicules de secours et la subtilisation de matériel de sécurité. À l’issue de leur présentation devant le juge des libertés et de la détention, les soldats du feu n’auront pas été placés en détention provisoire et bénéficieront d’une liberté conditionnelle toutefois bien encadrée. Dans l’attente d’un jugement programmé pour le 9 décembre.

Un court laps de temps pour préparer la défense des trois pompiers mais qui bénéficient du profond soutien de leurs collègues. « Le plus important était qu’ils soient libérés, maintenant, il va falloir beaucoup travailler avec les avocats. Dans le même temps, nous allons informer au mieux les collègues pour que l’on soit tous ensemble dans le même bateau, envoyer un très fort message de soutien même si l’on ne cautionne pas certaines dérives », confie Colo Bouchourani, le porte-parole de l’intersyndicale des pompiers de Mayotte. Qui n’a pas tout à fait la même lecture des évènements que l’hôte de la Case Rocher. Un « sabotage » ? « Je pense avant tout que ce qu’il s’est passé est la manifestation d’un ras-le-bol. Depuis deux ans, les pompiers de l’aéroport ne font que réclamer de meilleures conditions matérielles et de travail dans un seul objectif : la sécurité des passagers qui dans l’état actuel du service est compromise. Je ne donne pas raison à la méthode, mais je comprends la frustration qui a pu les animer », plaide déjà le porte-parole de l’intersyndicale. En mode contre-attaque.

« On vit dans un monde qui est loin de la grande France »

« On les accuse d’avois mis des passagers en danger, mais ce sont les responsables qui ne veulent rien entendre depuis deux ans et qui refusent de mettre à niveau le service qui font courir le danger de manière quotidienne », lance le pompier. La solidarité est donc de mise chez les hommes en bleu. « Je sais que pour ces collègues c’est très difficile, ils sont abattus et empreints d’une grande tristesse. Mais il nous appartient à tous de les soutenir. La vie est un combat et seuls gagnent ceux qui ne baissent pas les bras et je compte sur eux pour ne pas le faire. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut que personne n’en vienne à regretter d’être gréviste, ce n’est pas la question. La cause est bonne, la colère a ses raisons, le problème, là, c’est la manière, qui a dépassé le cadre de la grève », livre Colo Bouchourani dans un discours parsemé de saillies philosophiques bien à lui. « On n’est jamais battu, on reçoit des leçons », lâche-t-il ainsi à la volée.

Mais des leçons, le syndicaliste aimerait que les pompiers ne soient pas les seuls à en recevoir. Et à en tirer. « Mon plus grand souhait avec tout cela, c’est que ça permette enfin d’ouvrir le dialogue. Malheureusement, je suis assez pessimiste quant à cela, on vit ici dans un monde qui est loin de celui de la grande France. Le droit y est bafoué, le mépris est omniprésent. Forcément, ça crée de la colère. J’espère qu’un jour, ceux qui s’appellent responsables ouvriront les yeux là-dessus. » En attendant, lui, continuera à porter la voix.

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