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Justice à Mayotte : “On va tout faire pour que l’histoire de Stam soit la dernière de ce genre”

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On l’appelait Stam. Et l’actualité que connaissent les États-Unis comme la métropole quant aux violences policières faites aux noirs ne peut que faire écho à son histoire. Celle d’un jeune père de famille de Mayotte, tué par balle de la main d’un policier le 23 février à Kawéni. 

“Bien sûr que tout ce qu’il se passe me touche beaucoup, mais ce n’est pas vraiment pareil. En Amérique comme en métropole, on parle de violences racistes de blancs envers des noirs. Ici, à Mayotte, même les policiers noirs peuvent être racistes. Le vrai racisme, il est envers les étrangers”, lance Djounaidine. Pour ce jeune homme, dont le grand frère a été tué par balle de la main d’un policier le 23 février dernier, la discrimination est partout présente dans le drame que traverse sa famille. “Si ça c’était passé dans un autre village de Mayotte, si c’était un jeune mahorais qui s’était fait tué, tout le monde aurait été debout pour se révolter, mais comme ça s’est passé à Kawéni où il y a beaucoup de personnes d’origine étrangère et, c’est vrai, de la délinquance, personne n’a bougé. Il y en a même beaucoup qui se sont réjouis”, poursuit-il avec ce sentiment de colère permanente qui ne le quitte pas depuis la fin de ce mois de février. Et le petit frère d’Ousseni, dit Stam, le dossier aurait été traité autrement. “Là on ne fait que nous mettre à l’écart, personne ne nous tient au courant de ce qu’il se passe, on a l’impression d’être méprisé. Et puis à Mayotte, tout le monde se connaît, comment peut-on espérer que les gendarmes ne tentent pas de couvrir celui qui est presque leur collègue ?”, s’interroge le jeune homme depuis la métropole. 

“Ils vont tout faire pour se protéger” 

Mais Djounaidine ne compte pas baisser les bras face “à la peur que ça s’enfouisse à Mayotte”. “Nous avons contacté des avocats et l’une d’elles nous a conseillé de faire délocaliser le dossier au moins à La Réunion pour que ce soit plus impartial, car ici, tout le monde travaille ensemble. Du coup, je cherche des avocats ailleurs, mais le gros problème c’est le coût, c’est très compliqué pour nous. Malheureusement, nous ne pouvons pas demander un avocat commis d’office, il faut que ce soit quelqu’un qui s’investisse beaucoup, car en face, c’est l’État et ils vont tout faire pour se protéger”, développe celui qui promet cependant “de ne pas lâcher l’affaire”. 

La crainte de ne pas voir la justice faire toute la lumière sur le drame est profonde. Une injustice qui s’ajouterait à tant d’autres pour celui qui a perdu “un grand frère exemplaire”. “Nous sommes issus d’une famille pauvre, mais ma mère a toujours tout fait pour que l’on s’en sorte, dès le matin il fallait faire son lit et on n’a jamais trainé dehors. Elle a toujours voulu que l’on soit exemplaire et sa récompense c’était que mon grand frère, qui s’était marié, qui allait avoir un enfant, la retrouve tous les soirs à la sortie du travail pour partager un dessert qu’il lui amenait. Parce que son rêve à elle “c’était de vivre à la française”. Ou au moins que ses fils le fassent. C’est d’ailleurs ce qui était prévu. “Il voulait partir de Mayotte, car il trouvait qu’il y avait trop d’insécurité ici alors avec sa femme ils comptaient aller élever leurs enfants en métropole, ils avaient plein de projets”, raconte avec peine Djounaidine, rappelant que son grand frère “essayait de guider les jeunes du quartier, de montrer que l’on pouvait s’en sortir sans la délinquance”. 

À l’origine, une querelle familiale 

Un envol donc, qui a brutalement pris fin ce 23 février. Ce jour-là, un policier – passant “par hasard” selon les autorités, récolte le témoignage d’un homme à la suite d’une altercation à Kawéni. Cet homme n’est autre que le propriétaire de la maison qu’occupe sa nièce, la mère de Stam et de Djounaidine. Quelques minutes plus tôt, l’oncle, accompagné de gros bras armés de différents outils s’étaient rendus au domicile qu’il considérait occupé sans droit – ce que conteste la famille de Stam – pour en déloger ses occupants. L’altercation familiale est inévitable au point que l’oncle en vienne à renverser avec sa voiture le père de Djounaidine. Lorsqu’il apprend la nouvelle, Stam qui n’est pas sur les lieux est fou de rage. “Ce qui ne lui était jamais arrivé, mais qu’on s’en prenne à sa maman comme ça aussi injustement l’a fait péter un câble”, considère son petit frère. Selon plusieurs témoignages, Stam aurait appelé la police avant que les choses ne dégénèrent. Mais devant l’absence de réponse alléguée, il file chez lui, attrape une matraque et fonce chez sa mère. Il court vers l’oncle et lui assène un coup sur la tête. “Il était en train de le massacrer”, assurent les premières versions policières. Le procureur de la République a cependant été très clair, un seul coup a été porté, ce qui vaudra deux points de suture à la victime. La première. Car devant cet acte de violence, le policier qui fait face d’à peine quelques mètres à la scène dégaine et tire. Quelques minutes plus tard, la vie de Stam s’envole. 

“Que ça n’arrive plus à d’autres” 

Les témoignages divergent selon qu’il y ait eu une sommation préalable ou pas. La version policière l’assure, mais “tous les témoins que je connais disent qu’il n’y en a pas eu”, affirme le petit frère de la victime. “De toute façon, il n’avait aucune raison de tirer, il pouvait très bien les séparer, on ne tire pas pour un coup, il y a forcément d’autres manières. Et s’il a paniqué, ce n’est pas une excuse, ces personnes-là sont formées pour faire usage de leur arme, s’ils ne la maitrisent pas c’est grave !”, tempête Djounaidine. 

Mais c’est bien la légitime défense d’autrui que plaide la partie policière dans ce dossier où l’auteur du tir a été placé sous le statut de témoin assisté contre l’avis du procureur qui réclamait une mise en examen. Un même dossier qui, pour l’heure, n’avance pas. “Les derniers mois que nous avons traversé n’ont pas aidé, avec la crise sanitaire les services ont tourné au ralenti”, confie une source judiciaire. Toujours est-il que selon d’autres sources, le policier, qualifié de “bon gars” par ses collègues, est toujours en service, avec son arme. L’inspection générale de la police nationale n’a pas non plus été saisie. “Cela sera peut-être fait plus tard, sous forme de commission rogatoire par le juge d’instruction”, livre-t-on. 

Un statu quo des plus difficiles pour la famille de la victime. “Ma mère attend son fils tous les soirs, ma petite-sœur fait des cauchemars toutes les nuits et mon père se sent très coupable… C’est très dur”, confie le petit frère de Stam qui, malgré son chagrin, veut profiter de ce tempo au ralenti pour trouver le bon avocat. “Il faut le faire, il faut se battre, car si tout cela peut servir à quelque chose, c’est que ça n’arrive plus à d’autres.”

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