Nassif Kaissane, faisait l’objet d’une enquête administrative, après sa mise en examen, dans une affaire de trafic de passeports. Le juge d’instruction a prononcé un non-lieu, en sa faveur. Tadjidine Ben Ahamada, secrétaire général du ministère de l’intérieur, a aussi été blanchi.
Après plus de deux mois d’enquête administrative et judiciaire, le chef de la police et le secrétaire général du ministère de l’Intérieur des Comores, viennent d’être déclarés blanchis. Nassif Kaissane et Tadjidine Ben Ahamada étaient mis en examen dans une affaire de trafic de passeports, depuis fin janvier. Le premier juge d’instruction qui menait les investigations les avait placés sous contrôle judiciaire pour » faux et usage de faux sur des actes administratifs et complicité« . Mais cet épisode est derrière les inculpés. Puisque, dans la soirée du 29 avril, le chef de la sûreté nationale des Comores et le secrétaire général du ministère de l’intérieur ont été disculpés. Dans son communiqué, le ministère comorien de l’intérieur a fait deux annonces un peu plus particulières dans cette affaire, notamment la décision rendue par le juge en charge du dossier. » Le Ministère de l’intérieur informe l’opinion publique que, par ordonnance rendue en date du 25 avril 2025, le juge d’instruction, en charge du dossier, a prononcé un non-lieu en faveur du Secrétaire général du ministère de l’Intérieur et du directeur général de la police et de la sûreté nationale, dans l’affaire relative aux accusations de faux, usage de faux et complicité, dans un dossier lié aux passeports comoriens et à la citoyenneté économique« , souligne le communiqué publié sur Facebook. En matière judiciaire, le non-lieu est la décision par laquelle, le juge estime qu’il n’y a pas lieu de poursuivre les investigations.
Commission d’enquête
Autre information divulguée mardi soir : le nouveau ministre de l’intérieur, Mohamed Ahmed Assoumani, nommé le 14 avril, met fin par ailleurs aux soupçons qui pesaient sur Nassif Kaissane et Tadjidine Ben Ahamada dans un autre volet. En effet, en plus de l’instruction, on avait diligenté une enquête administrative, dont la commission incluait des représentants de la banque centrale des Comores et de la section des comptes entre autres. » Dans le souci de faire toute la lumière sur les aspects institutionnels de cette affaire, le ministère de la Justice avait institué une commission d’enquête administrative chargée d’établir les responsabilités éventuelles au sein du ministère de l’intérieur. Les conclusions de cette commission ont été très claires : aucune responsabilité ou acte répréhensible n’a été retenu à l’encontre du secrétaire général et du directeur général de la police et de la sûreté nationale« , clarifie le communiqué. A lire celui-ci, le juge d’instruction s’est surtout focalisé sur des éléments objectifs et concordants avant de laver les deux hauts responsables de tout manquement dans l’exercice de leurs fonctions. Côté opposition, qui avait exigé une enquête rigoureuse dès le départ, ce communiqué du ministère de l’Intérieur ne passe pas. » La décision du juge d’instruction n’est qu’une confirmation de ce qui a été déjà annoncé il y a quelques mois quand une décision officielle est prise contre le ministre de l’intérieur d’alors qui, officiellement, a publié un communiqué pour justement mettre en cause ces deux hauts fonctionnaires qui ne sont sans doute pas loin de traitement des passeports« , tacle le vice-président de l’Opposition Unie des Comores, Mohamed Jaffar Abbas se demandant qui aux Comores donnerait du crédit à ces procédures judiciaires rendues. » Au moins, une chose est sûre, cette histoire de passeports a permis de savoir que cette loi sur la citoyenneté économique – tant décriée -, suit son bonhomme de chemin. La justice injuste n’avait que comme objectif : condamner l’innocent Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Entre-temps, les larrons en foire continuent de vendre ce qu’ils qualifiaient d’illicite« , accuse l’opposant.
Loi sur la citoyenneté économique
Au départ, 5 personnes étaient officiellement inculpées dont le secrétaire général et le chef de la police. Ce dernier avait perdu momentanément le droit de signer les documents biométriques, mais il aurait, depuis mardi, retrouvé ses prérogatives. Toutefois, jusqu’à lors, il y a des incohérences qui suscitent encore des interrogations. Alors qu’il s’apprêtait à organiser une descente dans les locaux du centre où sont produits les passeports, le premier magistrat instructeur a été interdit et a dû rebrousser chemin. Il faut noter que moins de 10 jours après l’ordonnance des placements sous contrôle judiciaire, le premier juge s’est vu par la suite dessaisir l’affaire. Secundo, les mesures restrictives ont été également allégées. Un peu plus tard, on a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative pendant que Nassif et Tadjidine ont regagné leurs bureaux. A l’origine de la mise en examen du chef de la sûreté, l’arrestation à Dubaï, d’une dame comorienne originaire de Mayotte avec des passeports. « Des documents qui auraient dû suivre un circuit normal puisque ça rentre dans le cadre de la loi sur la citoyenneté économique. Normalement l’argent doit être viré au trésor public et la liste est ensuite envoyée pour l’impression des passeports« , confiait une source judiciaire qui a rappelé que l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi est enfermé depuis 2018 dans une affaire de trafic de passeports. « Donc il ne peut y avoir deux poids deux mesures« , estime notre informateur. A ne pas oublier que beaucoup ont établi un lien entre l’éclatement de cette affaire et le remplacement de l’ex-ministre de l’Intérieur, Fakridine Mahamoud à l’issue d’un remaniement dont il était le seul ancien ministre en fonction depuis plusieurs années à se faire éjecter.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
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