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Affaire Nafouanti | Douze mois avec sursis requis contre le conducteur

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Rendue ce jeudi en appel devant la chambre d’instruction de La Réunion, la décision de placer les quatre hommes mis en cause dans l’affaire du rapt de Petite-Terre n’est pas sans soulever de questions selon leur avocat. Me Nadjim Ahamada dénonce notamment une violation des droits de la défense et une motivation politique à l’endroit des divers collectifs contre l’insécurité qui affichent un soutien farouche à ses clients.

Le violent accident du boulevard des crabes au cours duquel une jeune femme avait eu la jambe sectionnée cet été a été jugé ce mardi au tribunal correctionnel de Mamoudzou. L’affaire avait fait grand bruit et suscité de nombreuses interrogations, alors qu’un délit de fuite avait d’abord été envisagé par les enquêteurs, avant d’être écarté. À l’encontre du conducteur, le parquet a requis une peine de douze mois d’emprisonnement avec sursis, un an de suspension de permis,  300 euros d’amende pour « défaut de maîtrise » et un stage de sensibilisation à la sécurité routière. 

L’émotion était vive et le public nombreux ce mardi dans la salle d’audience. Nafouanti, la jeune victime, était présente avec son époux et sa famille sur le banc des parties civiles. En béquilles, puisque l’accident dont il était question ce mardi lui a coûté une partie de sa jambe gauche, amputée au dessus du genou cet été. L’homme qui s’avance à la barre pour entendre les faits qui lui sont reprochés – car il s’agit bien d’un homme, et non pas d’une femme, comme cela a pu être dit – est âgé de 35 ans. Né en Côte d’Ivoire, il ne s’agit pas non plus d’un mzungu, comme certains témoignages, relayés dans la presse, l’avaient d’abord laissé accroire. L’homme est en revanche bien militaire, affecté au détachement de la légion étrangère (DLEM) de Dzaoudzi. 

Il comparaît pour avoir percuté, au volant de sa Renault Mégane, une jeune femme de 21 ans et son mari qui rentraient à leur domicile de Petite-Terre, à scooter et en sens inverse, le soir du 30 juillet, sur le boulevard des crabes à Dzaoudzi. L’homme est poursuivi pour « défaut de maîtrise » de sa voiture et « blessures involontaires par conducteur de véhicule terrestre à moteur », la jeune femme ayant écopé d’une Interruption Totale de Travail (ITT) de plus de trois mois et son époux, d’une ITT d’un jour, à cause d’une entorse au doigt. De lourdes préventions, aggravées par la présence d’alcool dans le sang du conducteur au moment de l’accident – 0,61 mg/L de sang – et d’une vitesse jugée « excessive eu égard aux circonstances ». Les circonstances ? Une sortie de barge agitée avec de nombreux véhicules déboulant en tous sens et une route accidentée : « déformée », « déplorable », « défoncée », énumère le président Pascal Bouvard à l’audience. Une route qui a d’ailleurs été rénovée depuis. Vers 22h30, ce 30 juillet, les gendarmes sont avisés qu’un grave accident vient de se produire. Le choc est d’une violence extrême, à tel point que la jambe de la jeune femme sera retrouvée à 20 mètres du point de collision. Deux versions s’affrontent ensuite. Le couple à scooter affirme qu’ils roulaient lentement, « peut-être 35, 45 km/h », parce que Madame ne se sentait pas bien. L’époux indique que la voiture est arrivée face à eux à vive allure, et en zigzaguant. Il assure également avoir toujours roulé bien dans sa voie, à droite, contrairement aux dires du conducteur de la Renault Mégane.

« Aujourd’hui je ne peux plus rien faire toute seule »

Ce dernier prétend en effet que le deux-roues circulait au milieu de la route, pour éviter les nombreux nids de poule sur la chaussée. S’il reconnaît avoir consommé de l’alcool pendant le repas du soir – environ un litre de bière – le prévenu assure que cela n’a « à aucun moment altéré (son) jugement ou (sa) conduite ». Il nie aussi avoir jamais eu l’intention de fuir les lieux, comme cela avait été dans un premier temps envisagé par les enquêteurs, avant d’être écarté, suscitant de nombreuses conjectures sur de possibles connivences avec le prévenu, de par son statut de militaire. S’il a quitté la scène de l’accident, pendant quelques minutes, celui-ci affirme que ce n’était que pour éloigner sa fille de onze ans qui se trouvait à bord avec lui. Pas blessée, mais « paniquée ». Il serait ensuite revenu sur le boulevard, mais sans se dénoncer directement à la « quinzaine de jeunes » témoins rassemblés-là, et qui le recherchaient. Là encore, deux versions se font face : le mari de Nafouanti répète qu’il n’a pas vu le militaire revenir ce soir-là, l’autre maintient ses propos : « Lui ne m’a pas vu, mais moi, si ».

Ce n’est qu’une fois installé, à sa demande, dans une voiture de gendarmes, que le légionnaire se serait désigné auprès d’eux comme étant le conducteur impliqué, explique-t-il à la cour. Cette version avait d’ailleurs été confirmée quelques jours après les faits par le procureur de la République Camille Miansoni – qui requiert ce mardi – pour expliquer l’abandon des poursuites pour le délit de fuite. 

Debout à la barre, avec aplomb, la jeune Nafouanti accepte à son tour de livrer son témoignage. »Pourquoi est-ce qu’il n’est pas venu me voir ? », demande-t-elle à propos du prévenu. Une question à laquelle Me Hesler, l’avocat de la défense, répondra en expliquant que dans le « contexte post-accident », la question s’était posée et qu’il était apparu préférable d’attendre. »Ce n’était pas du tout un manque de considération », défend-il.

« Aujourd’hui, j’ai un enfant de deux ans qui vient me voir pour me demander où est ma jambe et qui vient essayer de me mettre une chaussure », lâche la jeune femme, dont la voix finit par se briser. »Aujourd’hui, je ne peux pas faire la cuisine toute seule, je ne peux pas m’occuper de mon fils, je ne peux rien faire toute seule ». Et la jeune femme de raconter qu’elle revit quotidiennement la scène de ce soir où elle a eu l’impression d’être un « animal blessé sur le bord de la route ». 

L’avocate des parties civiles, Me Marchand, demande d’importants dommages et intérêts en réparation des nombreux préjudices de sa cliente, qui, en raison du « no man’s land médical » dans lequel elle se trouve et de ses conditions de vie précaires, n’a pas pu avoir accès ni à une prothèse provisoire, ni à une rééducation adaptée. La décision sera rendue le 4 décembre. Les intérêts civils seront fixés lors d’une audience distincte. 

 

 

 

 

 

 

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