Un véhicule de la gendarmerie incendié
Hier en milieu d’après-midi, une patrouille de gendarmes opérant dans les hauteurs de la commune de Ouangani, dans une zone tristement surnommée « zone rouge », a été violemment prise à partie par un groupe d’individus qui s’affrontaient. Les militaires, en infériorité numérique, ont dû battre en retraite et abandonner leur véhicule de service. Quelques minutes plus tard, celui-ci était incendié par les assaillants.
Cet épisode, d’une gravité particulière, illustre une nouvelle fois la montée de l’insécurité qui gangrène le département.
À Ouangani comme dans d’autres communes du centre de l’île, les forces de l’ordre doivent faire face à des violences de plus en plus fréquentes. Pierres jetées sur les patrouilles, guets-apens, véhicules endommagés ou détruits : la liste des incidents s’allonge mois après mois. Pour les habitants, cette escalade a des conséquences directes : sentiment d’abandon, peur de circuler à certaines heures, et crispation générale autour des zones qualifiées de « non-droit ».
« On vit avec la peur de croiser une bande armée de machettes ou de voir nos enfants pris au piège de ces affrontements », confie un habitant, qui préfère garder l’anonymat.
Des forces de l’ordre en difficulté
Ce nouvel affrontement rappelle d’autres épisodes récents où les gendarmes, en sous-effectif, ont dû reculer face à des groupes déterminés. Le véhicule incendié hier symbolise cette difficulté croissante à maintenir l’ordre public dans un contexte où certains quartiers semblent échapper à l’autorité de l’État.
Les syndicats de policiers dénoncent régulièrement le manque de moyens humains et matériels, tandis que les élus locaux appellent à un renfort massif pour rétablir la sécurité.
Une spirale inquiétante
Ce n’est pas la première fois qu’un véhicule des forces de l’ordre est pris pour cible. Chaque nouvel incident renforce l’impression d’une spirale incontrôlable : plus les violences augmentent, plus les interventions deviennent risquées, réduisant la capacité des autorités à affirmer leur présence.
Au-delà de l’attaque d’hier, c’est toute une population qui se sent livrée à elle-même. Entre insécurité routière, délinquance de bandes organisées et violences urbaines, le quotidien est marqué par une tension constante.
Face à cette dégradation, la question reste entière : jusqu’où cette insécurité peut-elle s’enraciner ? Les habitants, lassés des promesses non tenues, réclament des actes forts et rapides. L’incendie de ce véhicule n’est qu’un symptôme parmi d’autres d’un mal profond qui mine le département depuis plusieurs années.
Tant que des réponses concrètes ne seront pas apportées, la population risque de rester otage d’une insécurité chronique devenue presque banale, mais qui fragilise chaque jour un peu plus le vivre-ensemble et la confiance envers les institutions.