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« Le bruit des vagues », un court métrage empirique entre Anjouan et Mayotte signé Quentin Gleitz

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De retour d’une expérience d’un an à Mayotte, Quentin Gleitz, étudiant en médecine, vient de sortir un moyen métrage de 20 minutes intitulé « Le bruit des vagues » dans lequel il raconte sa traversée depuis Anjouan en kwassa et relate les histoires bien souvent dramatiques de ces clandestins. Une auto-production qui fait beaucoup jaser dans le 101ème département tant le sujet divise.

 « Je ne suis pas professionnel », souligne d’emblée Quentin Gleitz, le réalisateur du court métrage « Le bruit des vagues », sorti le 14 novembre dernier. Médecin aux urgences de Saint-Étienne aujourd’hui, il se lance dans ce projet en 2018, année durant laquelle il séjourne à Mayotte pour travailler avec des jeunes en errance pour une association locale. « J’avais vraiment envie de passer un message, j’avais le sentiment de ne pas en faire assez face à ce drame humain. » Pendant un an, il vit à quelques encablures du plus grand bidonville de France, à Kawéni, où il habite avec un groupe de Mahorais. Une expérience singulière, à l’opposé des strass et des paillettes, du quotidien de la plupart des mzungus présents sur l’île. Les rencontres fortuites forgent son caractère et le plongent dans moult récits, comme la traversée aussi bien symbolique pour certains que controversée pour d’autres en kwassa. Un déclic pour celui qui se décrit comme un personnage empirique. « J’ai besoin de sentir, de voir, de toucher. »

En recherche de réponses sur cette question centrale de l’immigration illégale, le jeune homme de 29 ans échange avec un passeur comorien. « Il avait besoin de nourrir sa famille. Il a cédé à cette tentation de faire passer de la chair de clandestins, même si ce n’est pas excusable. Le jugement est vite fait quand certains disent que ce sont arnaqueurs… » Rapidement, il se retrouve en contact avec la tête du réseau. Vient alors le temps de la négociation. Son interlocuteur, « parmi une bande de moins d’une dizaine de gars », se laisse convaincre de le transporter, moyennant 200 euros… pour un aller simple direction Mayotte, après avoir rejoint Anjouan légalement avec le Maria Galanta. Une seule nuit sur place avant le grand départ vers 23h le 25 août.

« Le temps se dilate, nos pensées s’arrêtent »

Durant une dizaine d’heures, une « grosse » vingtaine d’individus et Quentin Gleitz s’entassent tant bien que mal dans une « vieille barquasse sans gilets de sauvetage, avec des moteurs complètement pétés ». Avec dans un coin de la tête, la possibilité de chavirer à cause de l’eau qui se fracasse sur le fond du bateau. « Le temps se dilate, on ne peut se rattacher à rien. Nos pensées s’arrêtent, on subit le fatalisme », décrit-t-il, comme s’il se faisait encore balayer l’esprit au rythme des vagues. Dans le film, quelques images sombres témoignent de son épopée et de ses premiers pas sur la terre ferme. Le moment pour lui d’accompagner « les plus lents », « les indigents des indigents ». « L’un d’entre eux marche comme un insecte nocturne. Un vieillard parkingsonien commence sa marche tremblante au bord d’un précipice. Une obèse traîne son baluchon décharné », relate-t-il en guise de voix off.

En plus de cette immersion, Quentin Gleitz partage quatre « histoires touchantes et dramatiques ». Celles de Soufiane, Isa, Bweni et Kazamis. Des survivants. « Des destins hors normes » qui auraient chacun mérité un documentaire spécifique, mais le format du court métrage de 20 minutes « est un casse tête diplomatique », donc il a fallu « condenser » leurs 45 minutes de rush respectif. D’autant plus que le médecin de profession évoque de nombreux sujets, à l’instar de la guerre maritime dans le canal du Mozambique, la prostitution, l’esclavagisme, la drogue, la santé, l’éducation… Tout un panel qui se mélange et qui fait perdre de la saveur à son titre de film. « C’est une vue d’ensemble ! J’avais besoin de parler de tout ça car je l’ai ressenti : les écoles barricadées, les policiers dans les rues durant les barrages… Chaque chose était importante à aborder. Mais effectivement, j’ai conscience que ça aurait plu à beaucoup de personnes que je me concentre uniquement sur la traversée. »

« Ca m’a mis à dos quelques Mahorais »

Toujours est-il que « Le bruit des vagues » a été partagé plus de 200 fois sur sa page Facebook. Et qu’il a créé de nombreuses controverses et de l’animosité sur d’autres groupes, dont certains ont même lancé un sondage pour savoir s’il fallait garder ou tout simplement supprimer la publication… « Ca a suscité énormément de rage et d’incompréhension. Ca m’a mis à dos quelques Mahorais. » Que le film soit adulé ou rejeté, le but premier reste le même pour Quentin Gleitz : « Créer une réaction d’empathie envers les sans-papiers à Mayotte. » Et si possible « qu’il y ait une résonance en métropole ». Cette histoire, cette expérience, reste et restera à jamais la sienne, que l’on aime ou pas.

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