Témoignages nombreux, des cas, des parcours et des finalités différents, mais un objectif commun à tous, obtenir un titre de séjour, ce précieux sésame sans lequel la libre circulation à toute heure est, théoriquement, impossible à Mayotte. Du Cameroun, de la Tanzanie ou du Kenya, de la République démocratique du Congo ou des pays voisins des grands lacs, de Madagascar ou des Comores, d’Afghanistan, de Syrie ou du Sri Lanka, le 101 ème département français est le point de fixation, contre vents et marées, la porte d’accès au territoire français et à l’Union européenne.
Les profils des demandeurs de titres de séjour sont divers et variés, leurs parcours individuel (ou collectif) également. Ils n’ont en commun qu’un seul élément, le besoin de sécurité, qu’il soit économique, financière, matériel, éducatif, sanitaire ou autre. La situation de leurs pays d’origine, détermine généralement le pourquoi de leur décision à vouloir entrer illégalement sur le territoire français (et européen) dont Mayotte est l’une des portes d’entrée. Nombre de Mahorais s’interrogent sur la manière par laquelle ces immigrés illégaux ont eu connaissance de l’existence de leur île, alors qu’ils ignorent absolument tout, eux, de la position géographique de tel ou tel de ces pays de provenance, à l’exception des ressortissants comoriens ou malgaches.
Idrisse Mohamed F (*) vient de la Grande-Comore, d’un village reculé de la région Mbadjini dans le sud. Il a rejoint Mayotte en 2011 par kwassa, via Anjouan, évidemment. Endoctriné dès son jeune âge dans l’idéologie politique de rejet de Mayotte et de ses habitants, il n’aurait jamais imaginé faire un jour le déplacement sur cette terre inconnue pourtant si proche. » Là-bas à Ngazidja, l’histoire officielle qui nous est enseignée est en décalage de la réalité. On nous apprend que les Mahorais sont des traitres à la cause et à l’unité nationale, que ce sont des égoïstes sans compassion pour leurs frères de culture et de religion, des incultes, et d’autres clichés pas reluisant du tout. Tout est fait pour nous dégouter de vouloir venir ici « . Son explication personnelle sur cette situation serait que le pouvoir aux Comores craint la contagion d’un matérialisme issu de la société de consommation à Mayotte que les dirigeants de Moroni ne sauraient d’aucune manière garantir à leurs sujets…
Journaliste politique & économique