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“Le lagon de Mayotte est extraordinaire, il faut faire les choses correctement pour qu’il le reste”

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Le 8 juin était la journée mondiale de l’Océan. L’occasion de faire l’état des lieux sur le lagon de Mayotte. Le constat est sans appel, celui de l’île aux parfums est toujours aussi riche, mais les comportements malveillants et le réchauffement climatique ont des conséquences dramatiques sur la mer. 

Ce n’est un secret pour personne, le lagon de Mayotte est l’un des plus beaux et le plus grand lagon fermé au monde. Il regorge d’espèces rares et extraordinaires qui en font sa richesse. Mais son état se détériore d’année en année. Selon un communiqué du comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ces espèces rares sont “sous pression”. Alors qu’à La Réunion, 15 % d’entre elles sont menacés, à Mayotte, le chiffre s’élève à 12 %. Cette dégradation est due à de nombreux facteurs, parmi lesquels le comportement des habitants de l’île qui a de réelles conséquences. “Les Mahorais doivent bien avoir en tête que le lagon de Mayotte est extraordinaire et il faut faire les choses correctement pour qu’il [le] reste. On retrouve du plastique dans la mer, les poissons [le] mangent et finalement, on le retrouve dans nos assiettes”, explique Christophe Frontfreyde, directeur du parc marin de Mayotte. Ce dernier alerte sur la détérioration fulgurante du lagon. “Il était en très bon état il y a 25 ans, il était en bon état il y a 10 ans et aujourd’hui il est dans un état moyen.” 

La qualité de la mer à Mayotte est également touchée par d’autres fléaux qui accélèrent sa dégradation. “Pour Mayotte, c’est la double peine. Il y a cet impact du développement de la population sur le lagon, mais le réchauffement climatique blanchit les coraux. Cette année, on a eu de la chance, les températures ne sont pas restées aussi élevées que ce qui était prévu, mais le blanchissement modifie la composition du corail ainsi que toute la chaîne alimentaire”, indique Christophe Frontfreyde. À cela s’ajoutent la montée des eaux et le volcan qui provoque un affaissement de l’île. 

Opération sauver le lagon de Mayotte 

Rien n’est perdu, il est encore possible de sauver le lagon de Mayotte. Pour cela, le parc marin a mis en place un plan de gestion qu’il faudra suivre à la lettre. “On veut améliorer la qualité de la mer et pour cela on mène des actions terrestres. On fait de la science pour expliquer aux gens ce qu’il se passe. On essaye de mesurer la réalité et une fois qu’on l’a, on essaye de voir avec l’ensemble des membres du conseil de gestion comment faire pour qu’il y ait moins de plastiques dans le lagon”, selon le directeur du parc marin. D’autres solutions sont également à l’étude comme le développement de la pêche en dehors du lagon afin de le soulager et protéger les ressources internes. Cependant, il est nécessaire de sensibiliser les habitants qui sont les premiers acteurs dans cette mission de sauvetage. “On veut aider les Mahorais à accéder au lagon parce qu’il y a beaucoup de gens qui ne le connaissent pas et on a envie qu’ils le connaissent pour qu’ils en voient la beauté et qu’ils aient envie de le protéger.” 

Les agents du parc marin de Mayotte font également office de police de la mer. Il n’est pas rare de tomber sur des pêcheurs en infraction. En cas de flagrant délit, le parc marin confisque le matériel puis le détruit, et remet les espèces marines à l’eau. 

Mayotte a certes un lagon extraordinaire, cependant il lui manque un aspect crucial. Malheureusement, les scientifiques ne se bousculent pas aux portes pour s’installer ici et étudier en profondeur ses richesses. “Ils ne viennent pas parce que les recherches ne sont pas assez 

conséquentes et elles ne le sont pas parce que les chercheurs ne viennent pas. Il faut que l’on sorte de ce cercle. Nous allons créer un centre d’excellence et de suivi en matière science marine”, annonce Christophe Frontfreyde. L’objectif est d’attirer les scientifiques du monde entier, mais surtout les étudiants mahorais spécialisés dans le domaine en créant des bourses maritimes. Serait-ce la stratégie payante pour donner un nouveau souffle au lagon de Mayotte ? Le temps nous le dira.

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