Selon les chiffres officiels, Mayotte compte environ 300 000 habitants et seulement 28 avocats inscrits au barreau. Les statistiques judiciaires récentes montrent une augmentation des affaires pénales traitées, reflet d’une délinquance en hausse. Dans ce contexte, le bâtonnier Yanis Souhaïli revient sur l’accès à la justice, les conditions d’exercice et les particularités locales de la profession.
Flash-Infos : Quelles sont les spécificités ou difficultés propres à l’exercice du droit à Mayotte par rapport à la métropole ?
Yanis Souhaïli : Nous sommes sur un territoire où les personnes n’ont pas forcément l’habitude de recourir à la justice. Elles vont essayer de régler les problèmes en dehors de la justice. De plus, sur un territoire où nous sommes officiellement 300 000 habitants, nous ne comptons que 28 avocats. Ce n’est pas suffisant. Nous ne sommes pas assez nombreux pour couvrir toutes les missions. Il faudrait davantage d’avocats.
F.I. : Sur un territoire comme Mayotte, que faites-vous pour que les avocats soient perçus comme les garants du droit ?
Y. S. : On essaie de faire au mieux notre travail, de défendre nos clients avec les moyens dont nous disposons. Encore une fois, nous sommes sur un petit territoire avec peu d’avocats et plusieurs domaines à couvrir : le civil, le pénal, le droit administratif… Il m’arrive moi-même d’expliquer à des clients potentiels que je ne saurai pas exercer dans le domaine pour lequel on me sollicite. En tant qu’avocat, il faut avoir l’humilité de reconnaître qu’il faut recommander quelqu’un d’autre lorsque l’on ne maîtrise pas un domaine. Il n’y a rien de plus désagréable pour un client, et dangereux pour un avocat que d’accepter des dossiers dans des domaines que l’on ne maîtrise pas et, par la suite, de construire une mauvaise défense…
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.