Le bureau des étrangers est bloqué depuis le mois dernier par le Comité des citoyens de Mayotte. Une situation qui contraint un bon nombre d’habitants à vivre dans l’illégalité. C’est le cas notamment de professeurs sénégalais n’ayant pu renouveler leur carte de séjour.
« Les autorités doivent savoir qu’on galère, qu’on souffre. On va limite devenir clandestins ». Désespéré Amadou Dione, professeur de lettres modernes à Kani-Kéli et membre associé du Laboratoire linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles de l’université Grenoble-Alpes, nous fait part de sa situation. Arrivé à Mayotte le 17 septembre 2017 avec une carte de séjour valable un an – renouvelable -, le professeur contractuel était loin de se douter qu’il pourrait un jour se retrouver en situation irrégulière. Ils sont une dizaine dans ce cas, explique-t-il, principalement des Sénégalais.
Amadou Dione s’est rendu à Mayotte avec une carte de séjour valable jusqu’en octobre 2017. Avant la date d’expiration, ce dernier effectue une première demande auprès du bureau des étrangers et obtient une autorisation provisoire de séjour (APS)*, valable trois mois. En février 2018, convoqué par la préfecture, le professeur doit s’y présenter afin de réaliser un relevé d’empreintes digitales en vue d’obtenir un titre de séjour. Ce dernier repart bredouille sans pouvoir s’entretenir avec qui que ce soit. S’ensuivra le grand mouvement social et la fermeture du bureau des étrangers, qui ne faciliteront pas la situation du professeur.
Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ?
Ce dernier ne cesse d’effectuer des allers-retours entre la préfecture et le Vice-rectorat en quête d’une solution rapide. Le 7 juin dernier, ses empreintes digitales sont enfin relevées, ce qui correspond « normalement à l’avant-dernière étape » avant l’obtention de la carte de séjour. « Depuis ce jour, je n’ai eu aucune réponse. Je suis dos au mur. Personne ne répond à mes sollicitations ». Et de préciser : « J’appelle, ça ne répond pas. J’envoie des courriers, ça ne répond toujours pas. Il n’y a aucune communication, je ne sais pas où en est mon dossier ». Après son rendez-vous du 7 juin, Amadou Dione était censé recevoir une convocation de la préfecture pour finaliser sa demande de renouvellement.
En tout et pour tout, l’APS de Amadou Dione a été renouvelée trois fois. Toujours dans l’expectative, le contrat d’Amadou Dione en tant que professeur contractuel est pourtant reconduit pour l’année prochaine. Il doit mettre à jour les informations relatives à la date de fin de validité du titre de séjour afin de poursuivre son année au sein de l’Éducation nationale. Chose qu’il ne peut faire pour le moment. Son APS est valable jusqu’au 7 septembre prochain, qu’en sera-t-il si sa situation ne se débloque pas d’ici-là ? Amadou Dione redoute le pire. D’autres contractuels sénégalais sont dans la même situation que le professeur de lettres modernes, et pour certains, leur titre de séjour a déjà expiré.
Une page Facebook est en train de se mettre en place.
* Une autorisation provisoire de séjour (APS) d’une durée de 12 mois peut être délivrée à certains étudiants étrangers souhaitant compléter leur formation par une première expérience professionnelle ou justifiant d’un projet de création d’entreprise dans un domaine correspondant à leur formation. La durée de l’APS et son caractère renouvelable varient en application d’accords conclus par les autorités françaises avec certains pays.
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