Aéroport Marcel Henry : la toiture du kiosque toujours à terre, dix mois après le cyclone Chido

Dix mois. C’est le temps qui s’est écoulé depuis que le cyclone Chido a balayé l’île et laissé derrière lui son cortège de destructions. Dix mois au cours desquels les habitants ont tenté, tant bien que mal, de reconstruire leurs maisons, de rouvrir leurs commerces, de remettre un peu d’ordre dans leur quotidien. Dix mois, enfin, depuis que la toiture du kiosque de l’aéroport départemental gît toujours, telle une épave, sur le sol.

Et pourtant, rien n’a bougé. Pas un clou n’a été retiré, pas une tôle n’a été rangée. La première image qui accueille désormais visiteurs et voyageurs est celle d’un amas de tôles, vestiges figés d’une catastrophe que l’on prétend avoir surmontée.

L’aéroport est pourtant la vitrine d’un territoire. C’est par là que débarquent les touristes, les investisseurs, les fonctionnaires, les familles en visite. Chacun, dès sa descente de l’avion, se retrouve face à cette scène de désolation.

« Cela donne l’impression que l’île est toujours à genoux », s’indigne un employé de l’aéroport, qui préfère garder l’anonymat. « On nous répète que la reconstruction avance, mais comment y croire quand le premier bâtiment que l’on voit ressemble à une zone sinistrée ? »

Cette toiture arrachée, laissée à l’abandon, est bien plus qu’un simple problème esthétique. Elle est devenue le symbole visible d’une inertie administrative qui, mois après mois, sape la confiance des habitants dans la capacité des autorités à agir.

Dans les jours qui ont suivi le passage du cyclone Chido, les élus locaux avaient pourtant multiplié les promesses. Un plan d’urgence, des financements exceptionnels, des interventions rapides… autant d’annonces relayées dans les médias, puis rangées dans les tiroirs.

Pendant ce temps, les tôles continuent de rouiller sous le soleil et les averses, comme un rappel cruel du temps qui passe.

Pour les professionnels du tourisme, c’est un véritable handicap. « Comment attirer des visiteurs quand la première impression est celle d’un abandon total ? », déplore un directeur d’hôtel. « On parle beaucoup de relance économique, mais on laisse l’aéroport, notre carte de visite, dans cet état. »

Dix mois après Chido, la toiture du kiosque de l’aéroport n’est plus seulement une carcasse de métal. Elle est devenue un test grandeur nature de la capacité de l’île à se relever, et de ses dirigeants à tenir leurs engagements.

À ce jour, ce test est clairement raté. Et chaque avion qui atterrit en apporte le constat amer : ici, les promesses s’envolent, mais les ruines restent.

Soldat
Journaliste

Soidiki Mohamed El Mounir, connu sous le nom de "Soldat", est une figure du journalisme mahorais. Après ses débuts à la fin des années 1980 au sein du magazine Jana na Léo, il participe à l’aventure du Journal de Mayotte, premier hebdomadaire de l’île, avant de rejoindre le Journal Kwezi. En 2000, il cofonde la Somapresse, société éditrice de Mayotte Hebdo et Flash Infos, contribuant ainsi à structurer et enrichir le paysage médiatique de Mayotte.

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