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Mayotte : le secteur du tourisme nage en eaux troubles

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Entre la polémique sur la qualité des repas livrés aux confinés du RSMA, et la mise à l’arrêt d’une partie importante de son activité à cause du confinement, l’entreprise de restauration collective est sur tous les fronts. Mais face à ces multiples coups durs, son directeur, Gilles Rouinvy, ne baisse pas les bras et répond aux critiques. Entretien.

Les chiffres qui rendent le confinement compliqué à Mayotte

On le sait, le confinement à Mayotte est rendu d’autant plus difficile qu’une grosse partie de la population vit dans des habitations insalubres, dénuées du confort élémentaire. Dans une publication diffusée hier, l’Insee rappelle quelques chiffres parlants. Résumé point par point.

Rachat de Vindemia par GBH : la grande distribution de Mayotte face à la menace d’une concentration inédite

Réunion au sommet ce lundi, entre les différents acteurs économiques et politiques du 101ème département, alors que le rachat de Vindemia, filiale de Casino, par GBH, qui détient 11 magasins Carrefour, doit avoir lieu le 1er juillet. Pour l’instant, ni l’Autorité de la Concurrence, ni le Conseil d’État ne se sont prononcés contre l’opération. Mais après La Réunion, c’est au tour des acteurs mahorais de s’inquiéter de ses conséquences pour la vie économique locale.

Grand mariage / Manzaraka : l’entraide encore privilégiée pour le financement

Le manzaraka, ou grand mariage, est un passage obligatoire pour tout Mahorais souhaitant s'inscrire dans la tradition. Cette cérémonie peut facilement rassembler plus de 300 personnes : colliers de fleurs, mbiwi, mais surtout liasses de billets. Le manzaraka a un coût ! Alors, comment est-il financé ? 

 

Le tourisme à Mayotte peine, depuis toujours, à décoller. Mais alors que les activités nautiques sont suspendues et les hôtels fermés jusqu’à nouvel ordre, les professionnels du secteur avancent, sans certitude ni visibilité.

La richesse du lagon de Mayotte est l’unique ressource économique pour un bon nombre d’entreprises spécialisées dans les activités nautiques. Mais alors que les pêcheurs professionnels sont autorisés à exercer leur activité, les bateaux des entreprises de loisirs sont condamnés à rester amarrés aux quais durant toute la période de confinement. Une situation qui détériore l’état des embarcations. “Lorsqu’un bateau ne navigue pas pendant des mois, des algues et des huîtres s’accrochent sous la coque et cela rend la navigation difficile, voire impossible”, explique Denis Fabre, gérant de la société Lagon Aventure Mayotte. C’est ce qui est arrivé à certains de ses bateaux qui ne sont pas sortis en mer depuis plus de deux mois. Avant de les remettre en route, il devra opérer quelques réparations qui coûtent des milliers d’euros. “Cela dépend du type de bateau, mais pour les miens, l’antifouling, la peinture qui empêche les algues et les huîtres de s’incruster, coûtera entre 1.500 et 3.000 euros par bateau”, indique Denis Fabre. Sur le ponton de Mamoudzou et sur celui de Dzaoudzi, tous les navires se trouvent dans le même état et les professionnels se demandent comment financer les réparations en ayant perdu 100 % de leur chiffre d’affaires. “Je pense que l’État devrait payer la remise en état de nos bateaux. Nous n’avons aucune entrée d’argent depuis des mois, mais nous devrions en dépenser pour pouvoir reprendre le travail ?”, s’interroge Gurvan Stéphan, gérant de l’entreprise Mayotte découverte.

Ces entrepreneurs doivent également faire face à la lenteur administrative qui les empêche de recevoir les aides octroyées aux entreprises. “On n’a aucune nouvelle du conseil départemental. Pourtant, ils m’ont dit que mon dossier était complet, mais je n’ai plus de nouvelle”, se plaint Denis Fabre. Tous affirment cependant avoir reçu les 1.500 euros accordés par l’État. Quant aux employés, si certains peuvent encore se permettre de payer intégralement leurs salaires à l’image du gérant de Lagon Aventure Mayotte, d’autres ont dû avoir recours au chômage partiel. Cependant, cette solution ne satisfait pas tout le monde. “Mon devoir est de payer mes salariés, mais il faudrait peut-être penser au chômage partiel pour les gérants parce que je n’ai aucune entrée de salaire”, souligne Gurvan Stéphan de Mayotte découverte.

Les professionnels n’ont pas de date précise concernant la reprise de leur activité, mais ils sont tous conscients que celle-ci sera semée d’embûches. Le catamaran de Pascal Jardin, gérant de Maitai Croisières, peut transporter 25 personnes, mais afin de respecter la distanciation physique, il devra revoir ce chiffre à la baisse. “C’est un réel manque à gagner. Et pour l’instant, je ne sais même pas combien de personnes on m’autorisera à mettre dans le bateau parce que nous n’avons reçu aucune précision.” Ce dernier n’est même pas certain d’avoir assez de clients. La période de juin-juillet n’est pas la plus propice pour le secteur, alors que celle qui vient de passer était très attendue. “On vient de perdre une grosse saison. Il fait beau, c’était les vacances scolaires et c’est la saison des raies monta. On va devoir attendre la saison des baleines d’août à octobre pour espérer renflouer les caisses”, indique le gérant de Lagon Aventure Mayotte. Mais selon son confrère, la perte financière a été trop lourde et il sera difficile de remonter la pente. “On fait un chiffre d’affaires d’environ 20.000 euros par mois. Là, nous avons perdu trois mois et je ne pense pas que les clients seront nombreux puisque les gens ont peur du virus. Il faudra du temps avant d’oser reprendre les activités collectives. On ne récupéra jamais sur l’année les trois mois non travaillés”, déclare Pascal Jardin. Ce dernier affirme d’ailleurs que les réservations se font rares. Seulement trois en une semaine alors qu’en

temps normal, il en comptabilise dix par jour. Même si l’avenir est incertain pour ces professionnels du tourisme, ils restent motivés par la certitude de retrouver tôt ou tard les merveilles de notre cher lagon.

L’avenir des hôteliers, lui aussi incertain

Chez les hôteliers aussi, les réservations inquiètent. La matinée touche à sa fin, mardi, lorsque Bruno Garcia reçoit un nouvel e-mail. “Encore des clients qui annulent”, souffle le gérant du Caribou, incontournable à Mamoudzou. “Et cette fois, c’est pour le mois de novembre !” Depuis maintenant deux mois, nombreux sont les vacanciers ou les entreprises à annuler leur voyage vers le 101ème département, toujours classé rouge. Mais au-delà de la peur du virus et des moyens sanitaires locaux, un autre facteur entre en jeu : la quatorzaine, toujours de mise à l’arrivée en Outre-mer. “Personne n’a envie de venir en vacances pour rester enfermé 15 jours à l’hôtel”, s’inquiète Bruno Garcia, qui déplore déjà 100 % d’annulation pour le mois de septembre, coup d’envoi de la saison haute qui court jusqu’à novembre pour le secteur. Pourtant, dès le début du mois de mai, près de la moitié de ses chambres étaient déjà réservées pour cette période. Un coup dur, auquel s’ajoutent des contraintes financières : “Lors d’une réservation, les clients payent une avance sur la chambre. Maintenant, je dois tout rembourser”, s’inquiète le gérant du Caribou qui avait déjà dû indemniser la vingtaine de clients qui ont simultanément quitté l’hôtel le 16 mars, jour où la fermeture des établissements a été décidée par l’État. “D’un coup, on n’avait plus rien du côté de la trésorerie.” Et l’aide aux entreprises de 1.500 euros versée par le gouvernement ne suffira pas, à elle seule, à amortir la perte des 150.000 euros brassés chaque mois par l’entreprise, qui a dû avancer 65.000 euros de salaire à ses employés, en chômage forcé depuis plus de deux mois.

“La reprise va être très difficile, l’avenir du secteur à Mayotte est plus que jamais incertain”, reconnaît Bruno Garcia. Cela se traduira-t-il par une hausse du prix de la nuitée lorsque les hôtels rouvriront ? “Non, ce serait déplacé. Les clients n’ont pas à payer pour l’impact du virus sur l’économie”, juge-t-il, avant de préciser toutefois que l’achat de gel hydroalcoolique et de masques, condition sine qua non au respect des gestes barrières, sera forcément pris en compte au moment de la facturation.

Au nord de l’île aussi, l’incertitude grandit. “On n’a pas de dates particulières pour la réouverture, donc on n’a aucune visibilité pour les réservations”, commente à son tour Thierry Saidani, directeur d’exploitation du Trévani, un hôtel dont la plupart des clients sont des investisseurs ou des hommes d’affaires qui travaillent avec le port. “En janvier et février, le remplissage était déjà faible”, l’épidémie ayant, à ce moment, déjà gagné de nombreux pays. En mars, coup de grâce, puisque les annulations commencent déjà à pleuvoir. Déjà, le chiffre d’affaires baisse, alors que les deux hectares du domaine doivent être entretenus en permanence, confinement ou non. En d’autres termes, l’hôtel doit continuer d’assumer des frais fixes, sans plus ne percevoir aucune recette depuis des semaines. “En temps normal, on a besoin de 60 % de remplissage pour amortir nos coûts”, développe encore Thierry Saidani. Mais avec la recrudescence de violence observée entre Trévani et Koungou, le directeur d’exploitation craint que ses affaires souffrent, par delà la crise sanitaire, de la mauvaise image du territoire, particulièrement renforcée en ce moment par la presse nationale.

Mais en attendant l’annonce des réouvertures, les professionnels du secteur pourront, à l’instar de la métropole, compter sur l’allongement du chômage partiel, de l’accès au fonds de solidarité, du report des échéances bancaires et de l’exonération de charges sociales entre mars et juin, comme annoncé par le premier ministre la semaine dernière. Et si les départs vers l’Outre-mer seront autorisés pour les métropolitains entre juillet et août, encore faut-il que la situation sanitaire du dernier territoire français confiné se stabilise d’ici là.

 

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