Les blocs dans lesquels ces travaux vont être menés n’ont pas été mentionnés par le bureau géologique des Comores, la seule institution étatique en charge de l’exploration des hydrocarbures. Le contrat lui est toujours en attente de signature.
Sujet rarement évoqué, le dossier du pétrole comorien est sur toutes les lèvres depuis plus d’une semaine. La raison ? Dans son compte-rendu du conseil des ministres du 14 mai, la porte-parole du gouvernement comorien, Fatima Hamada, a déclaré que les autorités étaient d’accord pour travailler avec la société TGS. Cette entreprise norvégienne intervient dans l’analyse et l’exploitation des données sismiques destinées à l’industrie pétrolière. Depuis plus de 10 ans, des travaux laissent entendre la présence d’hydrocarbures dans les eaux comoriennes. Le problème ? Les différents gouvernements comoriens évoquent rarement ce pétrole, qui en cas d’exploitation raisonnable permettrait de développer le pays. Raison pour laquelle, l’information sortie de la bouche de la porte-parole du gouvernement, il y a presque dix jours, n’est pas passée inaperçue. Il faut noter qu’avant le forage, plusieurs travaux doivent être réalisés en amont. A commencer par l’analyse des données sismiques. C’est ce travail qui va être confié à TGS. Selon Nakib Ali Mhoumadi, directeur général du bureau géologique des Comores (Bgc), il s’agit là d’une sorte de continuité d’un contrat signé avec Gx Technology. » Cette dernière travaillait depuis 2011 avec les Comores. Toutefois, en 2013, elle a indiqué avoir fait faillite. TGS l’a rachetée. Ils ont hérité de nos données, mais en aucun moment il ne pouvait y avoir d’exploitation car celles-ci appartiennent à l’État comorien. Ainsi, TGS a manifesté son souhait de signer un contrat avec nous« , a relevé, le patron du bureau géologique, principale institution étatique, créée en 2010, avec entre autres comme mission l’exploitation et l’exploration des hydrocarbures.
Le choix des compagnies de forage
» Les Comores ont choisi TGS parce qu’il est l’un des leaders mondiaux en acquisition sismique multiclients, capable d’assumer à ses frais l’exploration préliminaire, avec transfert ultérieur des données aux États. Le pays faute de moyens techniques et financiers, n’a ni flotte, ni sismiqueurs, ni centre d’interprétation. TGS leur offre un package clé en main, avec des réseaux commerciaux pour vendre ces données aux majors pétrolières« , analyse pour Flash Infos, Laylã, qui livre régulièrement sur son compte X, des décryptages pertinents sur les enjeux géostratégiques du canal de Mozambique. Selon la spécialiste, tout va se focaliser sur les blocs 35, 36 et 37, situés dans les eaux profondes, alignés sur la marge continentale Est-Africaine, et qui sont les mieux positionnés pour attirer des majors, car ils prolongent les succès stories mozambicaines et tanzaniennes. TGS, ne s’est pas encore lancée dans l’exploitation des données sismiques, qui normalement sont censées permettre l’obtention des images localisant les zones où doivent commencer les forages. L’entreprise norvégienne qui aidera les Comores dans le choix des majors qui seraient intéressées par les travaux de forage attend la signature du contrat, d’une durée de 10 ans, selon nos informations. » TGS est une compagnie de bases et non une compagnie de forage ou de production. Leur mission sera d’acquérir des données pour faire ensuite leur promotion, et commercialisation. La deuxième phase consistera à procéder à l’acquisition de nouvelles données sismiques« , a rapporté, le directeur du bureau géologique des Comores, qui n’a pas indiqué les numéros des blocs encore moins les zones dans lesquelles l’entreprise norvégienne va intervenir, probablement en raison de la sensibilité du dossier.
Jusqu’à 30 millions de dollars
On sait seulement qu’après chaque commercialisation de données, 50 % des parts vont rentrer dans les caisses de l’État comorien. Dans le passé, les contrats, reréservaient seulement des miettes à la partie comorienne, avec 10 % des parts, pendant que les sociétés étrangères empochaient les 90%. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles jusqu’alors, aucun nouveau contrat n’avait été signé. » TGS voudrait commencer dès demain. Mais les autorités voulaient que nous ayons un contrat gagnant-gagnant. Et depuis 2022, nous travaillons dessus. Pour la date de signature, il faudra que les deux parties trouvent un rendez-vous pour signer le contrat aux Comores » a précisé Nakib Ali Mhoumadi, hier ajoutant que l’État comorien peut rompre le contrat à chaque fois que le partenaire ne respectera pas ses obligations. Donc, à ce jour, sans la signature dudit contrat, il serait prématuré d’avancer un calendrier pour les travaux de forage, l’opération par laquelle on fait remonter à la surface les prospects qui déterminent s’il y a du pétrole ou du gaz. La venue de TGS aux Comores n’a rien d’une surprise, selon Laylã. » TGS n’aurait jamais signé un contrat sans garanties de sécurité maritimes solides. En intégrant dès l’amont, surveillance côtière, infrastructures aéroportuaires et renseignement centralisés, les Comores se placent en futur hub énergétique et logistique pour l’or noir dans l’océan indien« , écrivait-elle, le 25 mai sur X. Le positionnement des Etats-Unis aux Comores, avec l’offre de drones de surveillance des eaux comoriennes, la présence accrue des Émirats arabes unis, qui ont obtenu la gestion pour 30 ans de l’aéroport de Moroni, sont des actes qui confirment la militarisation et la sécurisation des eaux territoriales comoriennes. A propos des parts de 50 % qui vont revenir à l’État comorien, Laylã croit savoir qu’avec un contrat multi clients, cela devrait générer entre 10 à 30 millions de dollars sur plusieurs années. Tout dépend aussi de l’intérêt des acheteurs.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
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