Les Naturalistes tirent la sonnette d’alarme face à la multiplication des feux de forêt

Dans une lettre adressée le 22 septembre au préfet de Mayotte, l’association Les Naturalistes de Mayotte alerte sur une situation jugée « inédite » concernant les feux de végétation qui ravagent l’île depuis plusieurs semaines. Le président de l’association, Michel Charpentier, évoque une saison sèche d’une intensité exceptionnelle, aggravée par les conséquences du cyclone Chido, dont les débris végétaux constituent aujourd’hui un combustible idéal pour les incendies.
Les Naturalistes pointent du doigt la multiplication des brûlis agricoles non maîtrisés, souvent pratiqués pour nettoyer les champs, mais qui dégénèrent en véritables incendies attisés par des rafales dépassant parfois les 40 km/h. Ces feux touchent désormais des zones naturelles sensibles, y compris des espaces protégés, et mobilisent des pompiers déjà sous tension.
Dans son courrier, l’association dénonce le non-respect de l’arrêté préfectoral A 2017/DAAF-SDTR/1079, qui encadre pourtant les brûlis et impose une déclaration préalable pour toute incinération de végétaux entre juin et décembre. « Cet arrêté est très peu connu, pas respecté et donc largement inefficace », regrette Michel Charpentier, qui s’interroge sur le nombre de déclarations réellement déposées à la DAAF.
Au-delà du risque immédiat d’incendie, les Naturalistes alertent sur l’impact écologique durable de ces pratiques. Les brûlis détruisent la microfaune des sols, favorisent l’érosion lors des premières pluies et appauvrissent les terres agricoles. Des solutions existent, rappelle l’association, citant le compostage ou le paillage comme alternatives à ces pratiques dévastatrices.
L’organisation plaide pour un renforcement de la prévention et de la coordination entre les autorités locales — gendarmerie, police, OFB, services municipaux et SDIS — ainsi qu’une mobilisation accrue des moyens humains et matériels. L’usage de drones pour repérer les départs de feu, la mise en place d’un numéro d’appel spécifique pour signaler les incendies, et à terme, l’acquisition d’un hélicoptère bombardier d’eau figurent parmi les propositions phares avancées.
Alors que les feux se multiplient encore dans plusieurs communes, l’association appelle à une réaction rapide des pouvoirs publics. « Il est urgent de rappeler que les brûlis sont interdits jusqu’en décembre », insiste Michel Charpentier, demandant une campagne d’information d’envergure à destination de la population.
Pour l’heure, la préfecture n’a pas officiellement réagi à cette interpellation. Mais sur le terrain, la saison sèche, prolongée cette année par un déficit de pluies, continue d’exposer l’île à un risque d’incendie élevé.

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes

À la Une