Ce lundi, une quarantaine de familles étaient concernées par un décasage à Labattoir, sur un terrain disputé de 4 hectares à Toutouroucha. Cette opération met en lumière un vieux conflit foncier.
Opération de décasage à Labattoir, ce lundi matin. Une quarantaine de familles ont été impactées par les démolition d’habitats précaires sur un foncier d’une superficie estimée à 4 hectares, situé dans la zone de Toutouroucha, non loin du lac Dziani, entre les routes conduisant aux Badamiers d’un côté et Moya de l’autre. Une effervescence régnait dans ce quartier informel depuis la semaine dernière, après que les habitants ont été informés de la démolition future de leurs maisons sur ordre du préfet de Mayotte par exécution de la décision de justice de 2018. Vendredi dernier, sous bonne escorte de gendarmes, huissiers de justice, ACFAV (structure chargée d’étudier des solutions de relogement éventuel des 40 familles répertoriées comme occupantes après une enquête sociale), des représentants des services de l’Etat et de la société chargée de la démolition des cases étaient sur place, au milieu d’un brouhaha d’occupant mécontents. Tout le monde avait été prévenu que les pelleteuses entreraient en action au matin du lundi 12 mai.
Un conflit foncier
Ce foncier appartenant à l’origine à une famille de la ville, les « Boina », était revendiqué par treize descendants. Au final, quatre ont réussi à s’attribuer ce foncier dans les années 1980. Après plusieurs actions en justice, dont une arrivée jusqu’en cassation, l’affaire a finalement fait l’objet d’une énième décision de justice en novembre 2018. Chémir Kamoula, un commerçant installé à Mayotte à l’époque (actuellement à Moroni aux Comores), aurait acquis près d’1,5 hectare auprès d’un des quatre propriétaires finaux supposés. Malgré l’intervention de plusieurs huissiers de justice, il n’avait pas réussi à entrer en possession réelle du bien acquis se heurtant à une opposition farouche des descendants Boina spoliés par les quatre autres. Ceux-ci avaient grandement facilité l’occupation du site par des familles, notamment étrangères. Désormais, ce serait le groupe de transport scolaire Matis qui détiendrait ce 1,5 hectare et envisagerait d’y transférer ses installations et bus actuellement positionnés dans la zone industrielle de Longoni.
Journaliste politique & économique