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Mayotte : les salariés des Douka Bé attendent toujours leur prime

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Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

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En première ligne durant toute la durée de l’épidémie de coronavirus, des employés des Douka Bé se sentent aujourd’hui au dernier plan des préoccupations de leur employeur, le groupe Bourbon distribution. En cause, des moyens de protection sanitaire très limités et une prime exceptionnelle qui ne tombe toujours pas malgré les promesses. 

« Regardez, on n’a rien pour se protéger, pas de masque, pas de gel, pas de gant, on a juste cette petite vitre devant la caisse, c’est n’importe quoi. » Le ton adopté par Mohamed* n’est pas, comme on pourrait l’imaginer, celui de la colère. L’employé d’un Douka Bé du grand Mamoudzou est dépité, « profondément déçu » par des « patrons face auxquels on ne peut rien ». « Je ne peux rien dire, j’ai dû accepter de venir pendant toute la durée de l’épidémie malgré les risques parce que je ne pouvais pas me permettre de perdre mon emploi », raconte ce père de trois enfants, et mari d’une femme qui « elle, a bien perdu son boulot » de serveuse dans un petit restaurant du chef-lieu. Malgré la crainte du coronavirus, Mohamed a donc continué à se rendre tous les jours dans la supérette de quartier pour y travailler « comme avant, parfois plus ». Et a bien cru que ce qu’il décrit comme un sacrifice paierait. « Au début, on nous a promis une prime pour les risques que nous prenons en travaillant mais ça fait plusieurs mois que l’on attend et rien ne tombe, je ne sais plus trop si je dois encore y croire », se désole l’employé qui vogue entre la mise en rayon et la caisse. « Je n’attends pas des millions d’euros mais au moins quelque chose qui pourrait un peu aider ma famille et me montrer un peu de reconnaissance », plaide Mohamed, qui n’a pas toujours été si pauvre en espoir. « Plusieurs fois, nous en avons parlé à notre directeur [de magasin], il nous a dit que ça arriverait mais on sait bien que ça ne dépend pas de lui, c’est des choses qui viennent de plus haut. » 

« On aurait pu mourir, ils n’en auraient rien eu à faire » 

Plus haut, c’est le groupe Bourbon distribution** qui opère sur le territoire à travers les Douka Bé, mais aussi les Score, Jumbo ou encore les Snie. Mais Bourbon distribution, c’est la propriété du groupe Vindémia, lequel appartient au groupe Casino, en passe de le céder au groupe Bernard Hayot, partenaire de Carrefour dans la distribution… Un colosse aux multiples bras, une hydre dont Mohamed ne croit plus qu’une des têtes daignera se pencher sur son cas. « Nous on n’est rien face à eux. Heureusement je crois que personne d’entre nous n’a été malade mais on aurait pu mourir, ils n’en auraient rien eu à faire », se désole-t-il. 

« Oui c’est dur, on a été très inquiets de venir travailler dans ces conditions, mais à partir du moment où on nous a promis quelque chose, on ne va pas le laisser filer », rétorque de son côté Fatima* entre deux congélateurs d’un autre Douka Bé. « C’est l’un des rares secteurs qui n’a pas beaucoup souffert de la crise mais il va falloir qu’ils se rappellent que c’est grâce à nous qui avons pris des risques », lance fermement l’employée qui malgré la fougue qui l’anime préfère « attendre, pour l’instant ». « On va bien voir ce qu’il se passe, nous sommes en bons termes avec notre directeur et je pense qu’il fait remonter les demandes… Mais c’est vrai que ça commence à faire long, on a vraiment l’impression d’être ignorés et qu’ils espèrent qu’on oublie les promesses », enchaîne Fatima dans un discours mi-figue, mi-raisin, malgré l’absence de quelconque fruit dans les étals de l’épicerie. Loyauté et solidarité figurent pourtant bien au rang « des cinq valeurs clefs » affichées fièrement par le groupe Vindémia sur son site internet. Fatima, Mohamed et les centaines de leurs collègues espèrent encore qu’elles n’ont pas, elles aussi, déserté les rayons. 

*Les prénoms ont été changés 

** Sollicitée à plusieurs reprises, la direction de Bourbon distribution n’a pas donné suite à nos demandes. Sa position sera publiée lorsqu’elle sera communiquée.

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