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La justice privée face à la justice de la République

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

Bien droits et le regard franc, ils sont là pour comparaître de faits de violence en réunion à l’encontre d’un jeune homme de 16 ans et d’un autre, âgé de 17 ans. Les faits ont été commis plusieurs jours de suite le 24 septembre puis à deux reprises le 26 septembre. Les faits sont simples, Abdou*, gérant d’entreprise apprend le 24 septembre 2013 le cambriolage du domicile de ses parents.

A son père, on a dérobé sa moto qui lui sert à aller quotidiennement au travail, à sa mère la télévision que tout le monde regarde en famille. A part ça, des ordinateurs et de l’argent liquide ont aussi été dérobés. La plainte est déposée auprès de la gendarmerie, mais Abdou est sceptique, il veut monter lui-même son enquête. Il a en effet été victime lui-même de cambriolages et n’espère plus retrouver ses affaires.

Il trouve sur sa route le 24 septembre, « Kitsi », un jeune homme de 16 ans et demi, originaire d’Anjouan et venu au tribunal ce mercredi avec sa maman. Connus pour des chapardages dans le village de Bouyouni, où il passe pour un délinquant notoire, il est emmené ce 24 septembre dans le véhicule d’Abdou*, de son frère Jean* et de quelques cousins et amis, tous présents à la barre. Mis à part le frère, Jean, tous les autres sont des jeunes sans emplois de Bandraboua qui voulaient aider leur famille et amis, confrontés à une bande de délinquants bien organisée.

Emmené à l’écart à Bandraboua, l’adolescent, « Kitsi », reçoit quelques gifles et commence à lâcher des noms. « C’est vrai que je lui ai mis un petit coup de pression », avoue Jean*. « Notre but, c’était de retrouver les affaires volés », témoigne-t-il. Un motif que le juge Planque se refuse à entendre, puisqu’il ne cessera de répéter à tous les prévenus au cours de ce procès, « comment se fait-il que vous soyez parti dans cette équipée ? » Finalement le jeune homme est relâché, sans grand dommage physique.

Le 26 septembre, une nouvelle expédition punitive repart en direction de Bouyouni et tombe sur « Toxi », un autre délinquant notoire connu pour ses amitiés avec le chef du réseau de voleurs, surnommé « Igène ». Pour mettre la main sur lui, Abdou demande au taxi dans lequel le voleur présumé est entré de s’arrêter. Puis il invite l’adolescent à monter dans son 4X4 et prend la direction du stade pour un interrogatoire musclé.

Le jeune homme a déjà été interrogé par le groupe de Bandraboua, mais de nouvelles informations ont circulé et des affaires volées retrouvées à son domicile par les « enquêteurs improvisés ». Finalement il est relâché et c’est un autre adolescent, Kader*, qui va faire les frais de l’énervement du groupe.

Afin de comprendre qui et comment a été organisé le cambriolage, Abdou* et ses amis ligotent « Kader », ivre et enragé, à un arbre à pains, non loin de la retenue collinaire. Là, il est fouetté avec des « shengwé », reçoit de nombreuses gifles, des coups de branches, des menaces de mort. Le médecin relèvera de nombreuses traces de coups et lui attribuera 4 jours d’ITT, qui permettront à Kader de porter plainte contre la bande de Bandraboua.

L’objectif pour cette équipe de jeunes gens, jamais inquiétés par la justice pour des faits de violence, est de permettre de retrouver les affaires volées par les cambrioleurs. C’est là tout le décalage qui existe entre la population, qui subit au quotidien les cambriolages et la déprédation de leurs biens et les autorités, qui manquent des moyens nécessaires pour mener à bien leurs enquêtes et garantir la sécurité du citoyen.

 Et effectivement, à la suite de cet interrogatoire musclé, plusieurs affaires seront retrouvées, dont la télévision, un ordinateur et la moto du père d’Abdou*. En revanche, Abdou* apprend que le reste des affaires et l’argent ont été expédiés en Anjouan par la bande de voleurs bien organisée.

Pour Abdou*, la manière de procéder en dehors de la justice lui semble légitime, car il sait qu’il a affaire à un groupe de délinquants impliqués dans plusieurs cambriolages qui terrorise le voisinage. Ce n’est pas le cas des juges et du procureur qui considère que « Kader » et « Kitsi », mineurs, sont les seules victimes dans cette affaire. L’incompréhension est totale et l’admonestation du juge aux prévenus ne fait que renforcer le sentiment d’impunité de la délinquance auprès de la population.

Le procureur demande 20 mois de prison dont 14 avec sursis, soit 6 mois de prison ferme à l’encontre d’Abdou*, l’entrepreneur, père de famille, et 15 mois dont 10 avec sursis, sois 5 mois de prison contre son frère Jean*. Contre les autres sont réclamés à des peines de 10 à 15 mois de prison avec sursis, aménagées en peine de Travaux d’intérêt général de 100 à 200 heures de travail.

A.T.

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