Quand l’inertie devient la carte postale de Mayotte

Voilà bientôt un an que ces épaves rouillent tristement dans l’embarcadère de Mamoudzou, à la vue de tous, comme une insulte à l’environnement et à la dignité du chef-lieu du département. Chaque jour, habitants, touristes et usagers du quai sont contraints d’admirer avec stupéfaction ce triste décor de carcasses de bateaux en état de décomposition, symbole criant de l’inaction et du laisser-aller.

Ce qui choque le plus, ce n’est pas seulement la présence de ces carcasses, mais bien le silence assourdissant de ceux qui prétendent défendre le lagon et la nature. Où sont donc passées les associations écologistes prêtes à dégainer pour s’opposer à tout projet de développement sous prétexte de “protéger le lagon” ? Serait-il plus facile de s’indigner contre le prolongement d’une piste d’aéroport qui permettrait le désenclavement de Mayotte, ou la construction d’une usine de dessalement qui permettrait de mettre un terme à la crise de l’eau qui frappe le territoire, que de dénoncer la dégradation visible et quotidienne de notre front de mer ?

Pendant que les autorités locales détournent le regard, les Mahorais, eux, continuent d’assister impuissants à ce spectacle de désolation. L’embarcadère, porte d’entrée de la commune chef-lieu, est devenu un musée à ciel ouvert de l’abandon administratif. Et l’on se targue de parler de développement du tourisme… On croit rêver !

Mais peut-être qu’il faut un électrochoc venu d’en haut pour que les choses bougent. Une lueur d’espoir se profile à l’horizon : il se murmure dans les couloirs des services de l’État que le président de la République Emmanuel Macron pourrait fouler le sol mahorais le 14 décembre prochain, à l’occasion du premier anniversaire du passage du cyclone Chido. Et comme à l’accoutumée, à chaque visite des représentants du gouvernement, on s’attend déjà au grand ménage : les épaves disparaîtront, les administrations retrouveront leurs toitures, les façades seront repeintes à la hâte, les nids de poules seront bouchés… le temps d’une photo officielle…

Soldat
Journaliste

Soidiki Mohamed El Mounir, connu sous le nom de "Soldat", est une figure du journalisme mahorais. Après ses débuts à la fin des années 1980 au sein du magazine Jana na Léo, il participe à l’aventure du Journal de Mayotte, premier hebdomadaire de l’île, avant de rejoindre le Journal Kwezi. En 2000, il cofonde la Somapresse, société éditrice de Mayotte Hebdo et Flash Infos, contribuant ainsi à structurer et enrichir le paysage médiatique de Mayotte.

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