Grève au STM : l’irresponsabilité d’un service public mis à nu

Pour la 6ème fois cette année, les agents du Service des Transports Maritimes (STM) ont paralysé Mayotte en déclenchant une grève illimitée. Après le syndicat Force ouvrière (FO) c’est au tour de l’intersyndicale SNUTER-FSU qui entre dans la danse, révélant un mépris évident pour l’intérêt général et pour la population qu’elle dessert. Ces mouvements répétés ont un impact économique considérable sur le territoire et sur le quotidien des usagers, au point de pousser le préfet à porter plainte contre le service pour non-respect de la réquisition préfectorale et pour mise en danger de la vie d’autrui.

Les usagers, confrontés à des rotations interrompues et à l’absence de service minimum, ont été plongés dans un chaos sans précédent. La réquisition d’un navire destiné à assurer la traversée des personnes et véhicules prioritaires a été ignorée par le personnel gréviste. Des centaines de passagers, parmi lesquels des personnes âgées, malades ont été abandonnées à leur sort sur les quais. Les déplacements indispensables entre Petite-Terre et Grande-Terre ont été rendus impossibles, aggravant le sentiment de colère généralisée.
Lundi matin, la situation a rapidement dégénéré lorsqu’une altercation interne au STM a conduit à l’arrêt complet des rotations. Des agents ont interrompu le service pour des conflits internes avec la direction, laissant des centaines de voyageurs coincés sur les quais, dont des véhicules sanitaires incapables d’assurer leurs missions. L’intransigeance du personnel gréviste et l’incapacité à respecter les directives de l’État ont généré un blocage total, illustrant une absence totale de responsabilité et un mépris des obligations liées au service public.

L’inaction du STM a provoqué une montée de tension extrême parmi les usagers, qui se sont retrouvés pris en otage, dans des conditions dangereuses et inconfortables. Les gendarmes ont dû intervenir pour maintenir l’ordre et permettre, au prix d’une gestion délicate et longue, l’embarquement progressif des passagers et des véhicules prioritaires. Ce n’est qu’après plusieurs heures de paralysie totale que le service a repris et encore de manière partielle, exposant ainsi les failles structurelles et organisationnelles du ce service publique qui nécessite amplement une délégation de service. Ces agents sans foi ni loi ont encore une fois montré leur mépris total à la population qu’ils sont censés servir sous prétexte qu’ils veulent préserver leur “magouilles”.

Ces événements, survenus sur les journées de lundi 6 et mardi 7 octobre 2025, révèlent un abus manifeste du droit de grève. La répétition incessante de ces mouvements transforme un outil de revendication légitime en arme de paralysie de la vie économique et sociale de l’île. La population est exaspérée, et les appels à la privatisation du STM ainsi qu’à la construction d’un pont entre les deux îles témoignent d’une perte totale de confiance envers ce service public incapable de concilier droits des travailleurs et besoins fondamentaux des usagers.

Le préfet de Mayotte, confronté à cette irresponsabilité, a dû recourir à la justice pour sanctionner le non-respect de ses ordres et protéger la sécurité des citoyens. La crise met en lumière la nécessité urgente de réformer le STM, d’assurer la continuité du service public et de garantir la sécurité des passagers, sans que les revendications internes ne paralysent une île entière.

En conclusion, ces journées de grève illustrent la dérive d’un service public qui abuse de son pouvoir et fragilise la population. Le STM, censé relier et faciliter les déplacements entre les îles, est devenu le symbole d’un dysfonctionnement majeur et d’un mépris scandaleux pour la sécurité et le quotidien des Mahorais.

Soldat
Journaliste

Soidiki Mohamed El Mounir, connu sous le nom de "Soldat", est une figure du journalisme mahorais. Après ses débuts à la fin des années 1980 au sein du magazine Jana na Léo, il participe à l’aventure du Journal de Mayotte, premier hebdomadaire de l’île, avant de rejoindre le Journal Kwezi. En 2000, il cofonde la Somapresse, société éditrice de Mayotte Hebdo et Flash Infos, contribuant ainsi à structurer et enrichir le paysage médiatique de Mayotte.

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