À la barre du tribunal judiciaire de Mamoudzou, costume gris et chemise blanche, le maire de Kani-Kéli, Abdou Rachadi, 65 ans, écoute, visage fermé. Le voilà poursuivi pour prise illégale d’intérêts, soupçonné d’avoir signé les contrats de trois agents municipaux recrutés en 2021 dans des conditions douteuses : deux anciens colistiers et la sœur de son premier adjoint.
Le juge Ludovic Dupry fixe le prévenu et entre sans détour dans le vif :
— « Est-ce que vous avez favorisé l’embauche de ces personnes ? »
— « Non », répond le maire. « Les postes ont été publiés, il y a eu des candidatures, des jurys. Tout a été fait dans les règles. »
Mais depuis la réception par le procureur d’une lettre anonyme en 2022 dénonçant un «népotisme flagrant», les gendarmes ont décortiqué les dossiers de recrutement. Ils ont relevé de nombreux manquements : CV et lettres de motivation absents des archives, entretiens menés par téléphone, absence de procès-verbal de classement des candidats.
« ça se fait partout »
Durant l’audience, le juge commence par rappeler la loi de 2019 et son décret d’application, qui imposent égalité d’accès, transparence et objectivité. Puis il lit un à un les extraits des procès-verbaux recueillis lors…
Passionnée par la petite et la grande histoire d'hier et d'aujourd'hui j'aime raconter le quotidien des personnes qui fondent un territoire.