STM, la réfection du quai « Issoufali » ne fait pas des heureux

Une colère qui monte crescendo depuis une semaine. Les travaux de réfection du quai « Issoufali » sur le rocher Dzaoudzi exaspèrent aux plus haut point les usagers des barges. En cause, la non prise en compte de la pénibilité qu’entraine cette situation auprès des passagers des avions. Ils sont obligés de trainer enfants et bagages sur une distance balisée qui ne leur laisse aucune alternative. Résultat, ils pestent contre les services départementaux, les noms d’oiseaux fusent par légions entières.    

Un manque – probable- de coordination et de communication ruine deux années d’efforts en vue de d’améliorer la vie aux usagers des barges entre Dzaoudzi et Mamoudzou. Cordon ombilical entre les deux principales îles de l’archipel mahorais, les barges constituent un centre névralgique pour les milliers d’hommes et de femmes qui les empruntent chaque jour. Elles sont aussi un objet de focalisation de toute l’attention du public sur la gestion de l’île par l’exécutif du département propriétaire des dits navires qu’il fait naviguer sous la houlette du Service des Transports Maritimes, devenu une direction à part entière depuis peu.

Le STM est un service qui a très mauvaise presse au sein de la population locale et des visiteurs occasionnels en raison d’un nombre incalculable de dysfonctionnements et d’une tendance exagérée aux mouvements de grève à répétition qui exaspèrent pour tout le monde et nuit au bon fonctionnement de l’économie locale. Mais tel n’est pas le sujet du jour, le courroux des usagers est dicté cette fois par les désagréments que génèrent les travaux qui ont débuté la semaine dernière au quai Issoufali à Dzaoudzi. Des travaux annoncés pourtant de très longues dates par Ali Omar, le 3 ème vice-président du département en charge des transports et de l’administration générale. « Nous en avons marre de ces incapables qui nous gouvernent, il n’y a besoin de faire l’ENA pour comprendre qu’il y a des situations à anticiper avant d’engager un chantier de cette ampleur quand même ? Ils prétendent tous avoir BAC + 5 mais qu’est-ce qu’ils sont nuls à chier ! Entamer des travaux sous un soleil de septembre, à la fin du chassé-croisé entre Mayotte et la métropole à la fin des vacances d’été, ou Mayotte et Madagascar, voir avec La Réunion et les pays d’Afrique de l’Est, il faut vraiment une grande intelligence pour le faire », ricane le trentenaire, vêtu comme un prince, pour aller prendre l’avion.

Les équipes changent mais la logique et les bêtises demeurent les mêmes

Mais sa belle tenue est maintenant toute froissée parce qu’il a été contraint de porter sa valise sur l’épaule et trainer en parallèle un gros sac rouge à roulette (sans doute un deuxième bagage) entre le beaching d’accostage des barges et l’endroit où il peut espérer trouver un taxi pour se rendre à Pamandzi. Encore un élu qui en prend pour son grade dans l’opinion publique, en raison d’une incompétence émanant de ses services. Une semaine seulement depuis que ces travaux ont débuté et la tension ne cesse de monter chez les usagers des barges. Cette fois-ci, il n’est nullement question des mouvements aléatoires des barges, ni des conditions d’accueil et la qualité de l’attente aux gares maritimes, mais de la gestion des flux entre le quai Ballou (ou les barges accostent désormais) et l’ancienne route de l’hôpital à proximité de l’ancienne et de la nouvelle place de France. Il n’est pas le seul à laisser libre cours au verbe, croustillant « d’amabilités et de nectar de fleurs tropicales ». Une dame, enveloppée dans une robe pourpre d’or brodée sur les rebords, cherche, elle aussi, à se rendre à l’aéroport de Pamandzi, chargée de bagages à ses deux épaules et trainant deux garçonnets dans son sillage, l’ai embaumé par les effluves de son parfum. Les traits de son visage en disent long sur la pensée qui est la sienne, à l’instante, à l’égard des conducteurs de ce projet. « Combien leur couterait 10 ou 15 chariots pour nous permettre de tirer nos bagages jusqu’aux taxis ? C’est vraiment du n’importe quoi ! Les équipes changent mais la logique et la bêtise demeurent les mêmes. Ah, qu’il est loin le temps des anciens élus, Younoussa Bamana et les autres …  Eux ils vivaient avec nous et pour nous, ils étaient l’âme de Mayotte et nous le corps. Aujourd’hui nous les avons perdus pour gagner des petits prétentieux sans personnalité » ! Des propos surement excessifs mais justifiés par la situation extrême à laquelle sont soumis les usagers du STM depuis une semaine. Et pour cause, aucun véhicule ne peut accéder à l’embarcadère, assez éloigné du point de dépotage des taxis. Il est vrai que trainer ses bagages pour rattraper une barge devient galère. La perte des pertes identitaires et du protocole et du savoir-vivre à l’ancienne n’arrange rien. Aucun bon samaritain pour prendre pitié de ces personnes et les soulager de leurs fardeaux sur cette distance.

Une trentaine de gendarmes et des policiers municipaux mobilisés tous jours pour un service qui pourrait se gérer autrement

Hélas, les lamentations des usagers des barges ne s’arrêtent pas à cela. Le passage balisé qui conduit dans les deux sens au quai Ballaou et au nouveau parking des taxis n’est vraiment au goût de personne. « Il faut 30 gendarmes et policiers municipaux chaque jour, du lever du soleil à la nuit tombée pour gérer des mouvements de personnes qui pourraient s’articuler autrement dans le calme et la sérénité, il n’y a que le conseil gère mal pour réussir à le faire. En attendant qui va s’occuper des tâches habituelles de ces militaires et fonctionnaires ? Qui va pouvoir nous protéger des hordes de délinquants qui nous empêchent de vivre dans la quiétude traditionnelle de nos quartiers et de nos villages ? Mais dans quoi sommes-vraiment tombés dans ce pays ? Et ils osent appeler cela un développement » ?  Pour les quelques rares agents du STM qui osent s’exprimer sur cette colère populaire qui monte crescendo, « l’erreur n’est pas à leur niveau, ils ne font qu’obéir aux ordres donnés par leur hiérarchie ». Ils s’inquiètent de ce qu’il adviendra de cette situation dès qu’arriveront les premières pluies de l’année 2025, en sachant que ces travaux sont sensés durer jusqu’en janvier 2026, si tant est que l’agenda initial soit respecté.

Journaliste politique & économique

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes

À la Une