Depuis plus de quatre décennies, le pont de Dzoumogné reste figé dans le temps, comme un vestige d’une époque où l’urgence du développement semblait secondaire. Pourtant, ce pont est chaque jour traversé par des centaines d’habitants, de travailleurs, d’agriculteurs et de commerçants. Il est le passage obligé pour tous les habitants du nord. Or, depuis sa mise en place, il souffre d’un défaut criant : il est trop étroit pour permettre à deux voitures de se croiser.
Chaque passage se transforme ainsi en épreuve de patience et de danger. Les véhicules s’arrêtent, négocient au millimètre, reculent parfois au risque de provoquer un accident. Une situation qui avait poussé les jeunes de Longoni de mettre le feu en juillet 2022 afin de pousser les autorités à réagir. Trois ans après aucune avancée, alors que les Chinois viennent de construire le plus haut pond du monde qui culmine à 625 m en cassant des montagnes en deux au bout de 3 ans. Chez nous, des promesses répétées, mais jamais tenues. Au fil des ans, ministres, élus et responsables locaux se sont succédé, tous promettant une réhabilitation, un élargissement, voire la construction d’un nouveau pont. Les annonces publiques se sont multipliées avec des discours grandiloquents sur la modernisation des infrastructures. Mais à ce jour, aucune pierre n’a été posée, aucun chantier n’a vu le jour. Cette inertie n’est pas qu’un simple retard administratif : c’est le signe d’un profond mépris pour les réalités vécues par les habitants. Comment expliquer que, dans un territoire qui aspire à se développer, un tel goulet d’étranglement puisse persister pendant quarante ans ?
L’absence de travaux sur le pont de Dzoumogné n’est pas seulement un problème de confort ou de sécurité : c’est aussi un frein économique. Les transporteurs perdent un temps précieux, les coûts logistiques augmentent et l’attractivité de la région s’en trouve diminuée. Les agriculteurs peinent à écouler leurs productions dans les temps, les entreprises hésitent à investir, et les habitants subissent au quotidien les conséquences d’une infrastructure indigne de notre époque.
Soidiki Mohamed El Mounir, connu sous le nom de "Soldat", est une figure du journalisme mahorais. Après ses débuts à la fin des années 1980 au sein du magazine Jana na Léo, il participe à l’aventure du Journal de Mayotte, premier hebdomadaire de l’île, avant de rejoindre le Journal Kwezi. En 2000, il cofonde la Somapresse, société éditrice de Mayotte Hebdo et Flash Infos, contribuant ainsi à structurer et enrichir le paysage médiatique de Mayotte.