Fernand Keisler : le premier commandant de bord mahorais d’Ewa Air ouvre la voie à une nouvelle génération

Pamandzi peut être fier. Le 19 septembre 2025, Fernand Keisler, enfant du village et passionné d’aviation depuis son plus jeune âge, a franchi une étape que beaucoup pensaient encore inaccessible : il est devenu le tout premier Mahorais à porter les galons de commandant de bord au sein de la compagnie aérienne Ewa Air. Une promotion historique annoncée officiellement le 25 septembre, qui dépasse de loin le simple cadre d’une carrière individuelle.

Car derrière la nomination de ce pilote, c’est toute une île qui célèbre une victoire collective. Mayotte, longtemps en quête de figures locales dans les secteurs de pointe, voit en Fernand Keisler un symbole puissant : celui d’une génération capable de se hisser aux plus hauts niveaux, grâce au travail, à la rigueur et à une détermination sans faille.

Un rêve d’enfant devenu réalité

Originaire de Pamandzi, Fernand Keisler grandit à quelques pas des pistes de l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi. Très tôt, il observe, fasciné, les avions qui décollent et atterrissent chaque jour. Mais à Mayotte, devenir pilote de ligne n’a rien d’un chemin balisé. Les formations sont longues, coûteuses, et souvent éloignées. Cela n’a pas découragé le jeune homme, qui décide très tôt de tout mettre en œuvre pour réaliser ce rêve. Après un parcours scolaire exigeant, il entame une formation de pilote, enchaînant les heures de vol et les examens théoriques.

En 2016, il intègre Ewa Air, la compagnie mahoraise filiale d’Air Austral, comme copilote. C’est le début d’un long apprentissage où chaque vol, chaque manœuvre, chaque décision compte. « Dans ce métier, rien n’est laissé au hasard. Il faut une rigueur absolue, un sang-froid permanent et une passion qui ne faiblit jamais », explique-t-il.

Neuf ans d’efforts récompensés

Après neuf années de travail acharné, Fernand Keisler a enfin atteint le grade le plus prestigieux de sa profession : commandant de bord. Ce titre, qui consacre la capacité d’un pilote à diriger un équipage et à assurer la sécurité des passagers en toutes circonstances, n’est jamais attribué à la légère.

Chez Ewa Air, la nouvelle a été accueillie avec une immense fierté. « Fernand incarne l’esprit d’excellence que nous voulons insuffler à notre compagnie. Sa nomination est un message fort pour toute la jeunesse mahoraise », souligne un représentant d’Ewa Air.

Au-delà de la compagnie, c’est toute l’île qui se réjouit. La carrière de Fernand Keisler démontre qu’un Mahorais peut désormais atteindre les sommets d’un secteur aussi compétitif que l’aviation civile.

Un exemple pour la jeunesse mahoraise

L’histoire de Fernand Keisler résonne comme un signal d’espoir pour la nouvelle génération. Dans une île où le chômage des jeunes reste élevé et où les carrières dans les métiers aéronautiques paraissaient encore récemment hors de portée, son parcours fait figure de modèle inspirant.

« Je veux que les jeunes sachent que tout est possible. Ce n’est pas parce que nous venons d’une petite île que nous devons nous limiter », affirme le nouveau commandant de bord. Son message est clair : le travail, la persévérance et la passion sont les véritables clés du succès.

Déjà, plusieurs lycéens de Pamandzi et de Mamoudzou disent voir en lui un exemple à suivre. Certains envisagent même des carrières de pilote ou de technicien aéronautique, un domaine qui s’ouvre progressivement grâce à des figures comme Fernand Keisler.

Un tournant pour l’aviation mahoraise

La promotion de Fernand Keisler est plus qu’un accomplissement individuel : elle marque un tournant pour l’aviation mahoraise. Ewa Air, qui dessert depuis 2013 les Comores, Madagascar et d’autres destinations régionales, renforce ainsi son ancrage local en confiant ses commandes à un enfant du pays.

Pour les autorités de l’île, ce succès illustre la montée en puissance des talents mahorais dans des secteurs stratégiques. « Voir un Mahorais prendre les commandes d’un avion de ligne, c’est la preuve que notre jeunesse a un potentiel extraordinaire », a salué un représentant du Conseil départemental.

De Pamandzi aux nuages : une fierté partagée

Aujourd’hui, lorsque Fernand Keisler enfile sa veste de commandant, ornée des quatre galons dorés qui distinguent les chefs de bord, c’est toute une communauté qui vibre avec lui. Sa famille, ses amis, mais aussi des centaines de Mahorais anonymes voient en lui le reflet d’une ambition collective : prouver que l’île aux parfums peut, elle aussi, former des pilotes capables de rivaliser avec les meilleurs.

À travers son parcours, Fernand Keisler rappelle une vérité universelle : aucun rêve n’est trop grand lorsque l’on se donne les moyens de le poursuivre. Son histoire, désormais inscrite dans les annales de l’aviation mahoraise, continuera sans doute de faire décoller bien d’autres vocations.

Fernand Keisler n’est pas seulement le premier commandant de bord mahorais d’Ewa Air. Il est la preuve vivante que le ciel n’a pas de frontières.

Soldat
Journaliste

Soidiki Mohamed El Mounir, connu sous le nom de "Soldat", est une figure du journalisme mahorais. Après ses débuts à la fin des années 1980 au sein du magazine Jana na Léo, il participe à l’aventure du Journal de Mayotte, premier hebdomadaire de l’île, avant de rejoindre le Journal Kwezi. En 2000, il cofonde la Somapresse, société éditrice de Mayotte Hebdo et Flash Infos, contribuant ainsi à structurer et enrichir le paysage médiatique de Mayotte.

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