STM, la grève se poursuit ce mercredi

Une barge toutes les heures, exclusivement réservée aux passagers et aux ambulances. Les grévistes du STM poursuivent leur mouvement, décidés à faire plier l’exécutif départemental. Une assurance pour ce mardi 13 août 2025, les rotations seront assurées jusqu’à 00 h 30, heure de la dernière barge au départ de Mamoudzou.

Ainsi en ont décidé les principaux meneurs du mouvement à l’origine des perturbations des rotations des barges reliant quotidiennement la Petite à la Grande-Terre. Une partie importante des agents opérant au sol s’étaient donnés rendez-vous hier en fin d’après-midi à Dzaoudzi pour dresser un bilan de la première journée de grève et échanger sur les suites à donner à l’opération. « Pour le moment, il n’est pas question pour nous de faire marche arrière, la grève va se poursuivre. Le rythme reste le même, une seule barge sera déployée pour transporter les passagers et les véhicules d’urgence, sapeurs-pompiers, ambulances essentiellement. Pas de motos ni d’autres types de véhicules jusqu’à nouvel ordre. Le bras de fer avec le Département de Mayotte, notre employeur, n’est pas près de fléchir », explique Mouhamadi A, un agent de sécurité embarqué dans les navires du STM. Dans l’ensemble, cette première journée de grève ne s’est pas trop mal passée, aucun incident majeur n’est à déplorer.

STM, la grève se poursuit ce mercredi

En revanche, tout indique que ce mouvement va se prolonger dans la durée car la direction du STM n’a quasiment pas de marge de manœuvre pour donner satisfaction à ses agents grèvistes. Les recommandations de la CRC au sujet du budget pendent telle qu’une épée de Damoclès sur le conseil départemental. La détérioration progressive et continue de la gestion de ce service public pousse certaines voix dans l’île à demander sa privatisation pure et simple. « Ils sont bien gentils les camarades syndiqués mais à force de nous jouer le même coup plusieurs fois dans l’année, ils ont mis nos activités professionnelles au sol. Ils ne savent pas ce que cela signifie parce qu’ils seront (eux) payés à la fin de cette folie, qu’ils aient ou pas bossé. Alors, pour la survie de l’économie de ce territoire, il est grand temps de privatiser la barge quel que soit la forme juridique à lui donner. C’est une question de crédibilité de la part de nos gouvernants ». Armel Dujardin n’est pas le seul à donner de la voix dans cette direction, en trois ans de colère sociale toujours insatisfaite sur le territoire, les nerfs sont à vif pour beaucoup d’usagers de la barge.

Une passagère des barges réclame aux élus un pont entre Petite et Grande-Terre

« Franchement, c’est du n’importe quoi ! Nos grands chefs du département ne comprennent rien à rien et ils s’étonnent qu’à Paris le gouvernement les prenne aux sérieux ! Ce sont eux qui embauchent cette pléthore de fainéants par copinage politique. Dans le privé ces personnes feront moins le mariol, ils comprendront que chaque centime touché à la fin du mois résulte de plusieurs litres de sueurs captées sur les chantiers en plein soleil. Ils ont le beurre, l’argent du beurre et le postérieur de la crémaillère ».

Ambiance électrique dans les rangées de véhicules dont les conducteurs caressaient l’espoir d’une fenêtre de compréhension du côté des grévistes qui les laisseraient passer de l’autre côte sur Grande-Terre. Evidemment, ils (ces conducteurs) sont la dernière préoccupation des syndicalistes FO qui mènent cette fronde au sein du personnel du STM et cela n’échappe à personne. En cette période estivale, les usagers des avions se veulent prudents, ils préfèrent passer une nuit à l’hôtel pour s’assurer de ne pas rater l’avion. Les quelques structures d’hébergement encore opérationnelles à Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi affichent complet, et les conducteurs de taxis se frottent les mains, le temps est aux bonnes affaires. « Pour nous c’est encore plus facile, nous sommes assurés d’avoir toujours des véhicules pleins à chaque fois, surtout entre Dzaoudzi et l’aéroport de Pamandzi », déclare tranquillement Abdallah Abdou.

Jeune femme d’une vingtaine d’années, Hassanati Abdel Khader, est un peu perdue dans cette cohue de passagers qui courent dans tous les sens une fois descendus de la barge. Elle cherche le parking des taxis. « Tout ça est vraiment dingue, il est grand temps que nos responsables politiques arrêtent leurs atermoiements et nous construisent un pont entre ces deux îles. Ces mouvements de grève à répétition doivent cesser, ils coûtent très chers aux contribuables ». Elle finit par trouver son chemin et un taxi pour se rendre à Labattoir où elle travaille. En fin de journée, les agents grévistes du STM se sont retrouvés à Dzaoudzi pour connaître les résultats d’éventuelles discussions entre leur leader et les autorités du département. Ce dernier prend place parmi ses camarades mais ne prononce un mot. « Cela veut dire que la grève continue comme prévue, une barge toutes les heures uniquement pour les passagers et les ambulances », note l’agent de sécurité au sol. Il apporte un éclaircissement et non des moindres, « pour le moment les rotations des navires vont se poursuivre dans cette cadence jusqu’à 00 h 30 au départ de Mamoudzou ».
Au CDM, aucun des élus contactés par nos soins n’ose se prononcer sur l’issue de ce bras de fer, tous semblent résignés à l’idée que ce mouvement de grève se poursuive dans les jours à venir.

Journaliste politique & économique

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