Derrière les grandes déclarations de « refondation » et les débats sur la conformité constitutionnelle, une autre réalité s’impose à Mayotte : celle d’un territoire en crise chronique, pris dans l’étau d’une politique migratoire toujours plus restrictive et d’un développement social structurellement négligé.
Ce jeudi, le Conseil constitutionnel a validé la quasi-totalité de la loi « pour refonder Mayotte ». Si les projecteurs se sont braqués sur le durcissement des règles migratoires et la lutte contre l’habitat informel, peu de place a été accordée à une réflexion plus large : comment sortir Mayotte de son statut de département le plus pauvre de France sans s’attaquer aux causes profondes de sa vulnérabilité ?
Une réponse technique à une crise politique et humaine
Le gouvernement met en avant des « caractéristiques démographiques particulières » pour justifier des mesures d’exception sur le territoire. Derrière cette formule juridique, une situation bien connue des Mahorais : une pression migratoire constante, une urbanisation anarchique, et un accès aux services publics toujours plus dégradé.
Mais au lieu d’investir massivement dans l’éducation, la santé ou l’emploi, l’État semble privilégier une logique de contrôle. En ciblant les logements dits « informels », en limitant l’accès au séjour pour des parents d’enfants français, ou encore en facilitant le placement d’enfants en rétention, la loi répond à l’urgence… sans jamais la dépasser.