Comores : le pays chute à la 71ème place, selon RSF

L’Union des Comores a perdu quatre places cette année et reste au niveau de la région de l’Océan indien, derrière les Seychelles et l’île Maurice. Le président du syndicat national des journalistes comoriens a appelé à la fin des intimidations exercées sur les professionnels.

Le monde entier a célébré ce samedi 3 mai 2025, la journée mondiale de la presse, placée cette année sous le thème : l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et des médias. Comme toujours à la veille, Reporters sans frontières publie un classement qui évalue l’état de la liberté de la presse dans 180 pays. S’elles sont mieux notées que d’autres pays voisins, à l’instar de Madagascar, classée à la 113ème position, les Comores ont tout de même dégringolé dans le classement en perdant 4 bonnes places. 75ème, l’an dernier, l’Union des Comores se retrouve à la 71ème place. Les facteurs derrière cette chute pas si drastique encore moins significative, selon l’Ong Rsf, sont au nombre de trois. « La baisse de 5 points du score économique du pays, qui montre que les conditions économiques du secteur se sont légèrement dégradées l’an passé. Le pays a aussi connu une baisse de 4,9 points du score social du pays, qui montre que traiter de certains sujets sociétaux reste difficile« , a détaillé, le bureau d’Afrique de Reporters sans frontières. Notons que les scores attribués aux pays sont le fruit d’une enquête que Rsf mène auprès de ses collaborateurs. Ceux-ci sont chargés de répondre à une série de questions sur la liberté de la presse au cours de l’année qui vient de s’écouler. Il faut noter que les arrestations de journalistes aux Comores restent encore courantes. En 2024, des confrères ont fait de la garde à vue, pendant que d’autres sont allés jusqu’en prison avant d’être liberés. Pas plus tard que le 29 janvier, notre collaborateur, par ailleurs correspondant de l’agence de presse Reuters a passé 24h en garde à vue pour un article sur la succession d’Azali Assoumani.

A la gendarmerie

Si les journalistes ont pour la première fois été autorisés à organiser leur marche dans la capitale, dimanche, ce qui n’a pas été possible les années précédentes, cela ne signifie pas pour autant qu’ils exercent dans des meilleures conditions. Dans son discours prononcé, samedi, à la place de l’indépendance, à l’occasion de la journée mondiale de la presse, le président du syndicat comorien des journalistes, Ahmed Bacar a déploré les intimidations que beaucoup subissent.  » Nous dénonçons fermement la censure et les intimidations dont sont victimes, au quotidien, les journalistes exerçant dans les médias publics. Ces pressions poussent malheureusement certains à s’auto-censurer, par crainte de licenciement par leur direction. Des confrères passent des nuits en garde à vue dans des affaires qui peuvent être réglées par le conseil national de la presse de l’audio-visuel. On se demande à quoi sert d’avoir ce Cnpa, l’instance de régulation si, à la première occasion, c’est la gendarmerie et la justice qui prennent le relais« , s’interroge le président du Snjc. La rédactrice en chef du quotidien La Gazette des Comores abondera dans le même sens et exige plus de liberté. «  Les autorités doivent comprendre qu’un journaliste a le droit d’exercer librement sans intimidation, ni censure. Car malheureusement il se trouve qu’aujourd’hui à la moindre erreur ou si une information relayée ne plaît pas à tel, le journaliste reçoit directement des menaces au pire une arrestation et tout. Et ça ne nous fera pas évoluer. Il faut que les autorités sachent qu’en cas de délit de délit de presse, le Cnpa est là« , a insisté, Andjouza Abouheir, qui en 2023 avait été jugée pour avoir relayé un discours alors qu’elle était numéro deux du syndicat.

Précarité

En plus des pressions, les journalistes exerçant aux Comores doivent travailler alors que bon nombreux d’entre eux, n’ont pas suivi des formations. «  Ainsi, nous demandons l’organisation de formations de recyclage pour les professionnels, ainsi que des formations destinées aux jeunes qui embrassent ce métier. La presse doit être soutenue afin de pouvoir financer ces formations, indispensables pour garantir un traitement équitable de l’information et pour assurer le respect de l’éthique et de la déontologie journalistique« , a plaidé, le président de la principale organisation syndicale des journalistes comoriens, restés au pays. Ahmed Bacar, n’a pas non plus manqué de réclamer le soutien du gouvernement au profit des médias privés surtout.  » Les subventions d’État vont en priorité aux médias publics et proches du régime, alors que les médias privés ont bien souvent du mal à rémunérer leurs journalistes. Ce qui contribue à alimenter l’information partisane et rémunératrice, comme le publireportage« , a souligné, le président du Snjc. Une réalité pas seulement comorienne mais également continentale. Dans son classement 2025, Reporters sans frontières, regrettait que les médias restent concentrés entre les mains de quelques groupes privés proches du pouvoir ou de personnalités aux intérêts politiques, compromettant ainsi l’indépendance des rédactions.  » Cette situation accroît la pression sur les rédactions, poussées à l’autocensure par crainte de perdre ces financements« ,
alertait l’Ong.

Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
, 1er journal des ?? / @Reuters @el_Pais @mayottehebdo ??

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