05/06/2009 – Société : Grève au CHM

 

{xtypo_dropcap}C’{/xtypo_dropcap}est au rythme des Vikings que les agents hospitaliers du CHM dansent dans la cour de l’IFSI (Institut de formation aux soins infirmiers) depuis mercredi, date du début de la grève. S’ils arborent un sourire de circonstance, les blouses blanches sont en colère.

La liste de leurs revendications est très longue : maintien intégral des contractuels et des CEC, titularisation des employés dont la durée de stage est déjà révolue, présence d’un représentant des salariés lors des jurys de titularisation, rattrapage progressif des salaires, cessation de chantages au non-renouvellement de contrat, droit syndical bafoué, “parachutes dorés” versés à des médecins n’exerçant plus à Mayotte, gestion arbitraire du budget par la direction de l’hôpital, mise en place d’une indemnité de vie chère et d’une caisse de retraite, etc.

“Ce sont des revendications normales, les prix flambent, les salaires ne suivent pas, le Code du travail n’est pas appliqué, il n’y a rien de nouveau ni de révolutionnaire”, assure Kamiloudine Djanffar de la CGT-Ma. L’intersyndicale comprenant également l’UTFO et la Cisma-CFDT, soutenue par la CFE-CGC, a pu mobiliser la moitié des effectifs en service (y compris une centaine d’agents réquisitionnés pour assurer un service minimum, l’effectif total du CHM étant de plus de 2000 personnes), soit un peu plus de 300 personnes mercredi.

 

Le CHM doit verser 600.000 € pour boucher le trou de la Sécu

 

Le mouvement s’est poursuivi hier. Tous les services de l’hôpital sont touchés, y compris les dispensaires de brousse, entraînant ainsi un fonctionnement au ralenti. L’intersyndicale a rencontré mercredi la directrice de la Dass, Danielle Mouffard, représentante de l’Agence régionale Hospitalière (ARH) Réunion-Mayotte sur notre île. L’ARH est l’autorité de tutelle et attribue au CHM l’enveloppe financière lui permettant de fonctionner.

Si les syndicalistes ont fait part de leurs inquiétudes à Mme Mouffard, cela est dû en grande partie aux décisions de la direction du CHM de ne pas renouveler le personnel en fin de contrat. Alain Daniel, directeur du CHM, explique cette décision du fait du changement de la donne en matière budgétaire.

“Le budget du CHM (120 millions d’euros en 2008) cette année a cru de seulement 3%, alors que les années précédentes elles étaient de plus de 10%. Le CHM est contraint de réaliser un plan d’économie et de participer au renflouement du déficit de la Caisse nationale d’assurance maladie. C’est la première fois que Mayotte est appelée à participer à la réduction de la dette de l’assurance maladie. Cela consiste notamment à payer 600.000 € au titre de la solidarité nationale. C’est une décision qui n’a pas été prise de gaieté de coeur”, justifie le directeur.

 

Une rallonge de l’ARH permettrait de conserver des contractuels

 

D’autre part, le plan d’économie impose de réduire les dépenses de l’hôpital, et ce dans la plupart des services. La direction de l’hôpital a par conséquent décidé de réduire le nombre de contractuels (80 à 120 personnes) en ne renouvelant pas les personnes en fin de contrat.

“Le dialogue est difficile avec les syndicats, car nous ne pouvons jouer que sur les fins de contrat. Nous leur avons proposé de les associer à la définition de l’organisation des services à restructurer (services techniques, logistique, cuisine, lingerie, entretien), mais les syndicats ne veulent pas être associés à toute décision qui serait considérée comme supprimant des emplois”, regrette le directeur.

Celui-ci nous a confirmé qu’il ne comptait pas revenir sur cette décision, alors que les syndicats en font une condition sine qua non pour stopper le mouvement de grève. Alain Daniel a néanmoins promis d’examiner les situations de chaque agent au cas par cas, en tenant compte de leur ancienneté pour envisager des reconversions, si possible au sein du CHM. La direction du CHM a aussi demandé une rallonge budgétaire à l’ARH pour supporter les surcoûts de l’intégration, mais la réponse mettra plusieurs mois avant de se concrétiser.

Mercredi soir, l’un des porte-parole de l’intersyndicale, Rémy Blachet, a reconnu l’échec des négociations. Hier, les syndicats ont à nouveau rencontré la direction, sans résultat. “La direction a claqué la porte, on peut dire que la grève va empirer”, a déclaré à la mi-journée Rémy Blachet. Au moins, on sait à quoi s’attendre dans les prochains jours.

 

Faïd Souhaïli


 

Stagiairisation et représentation dans les jurys acquises

Parmi les nombreuses revendications mises en avant par l’intersyndicale CGT-Ma, Cisma-CFDT et UTFO, figurait la stagiairisation des contractuels recrutés après le 21 juillet 2003. Ceux-ci doivent effectuer une période de stage préalable à une intégration à la fonction publique hospitalière.

“On a proposé un plan sur 3 ans pour stagiairiser 500 agents, dont 170 en 2009”, indique Alain Daniel. Un point qui satisfait l’intersyndicale, même si l’objectif fixé par celle-ci est de titulariser les 800 agents (hors médecins) qui sont encore contractuels. Autre point qui semble avoir été l’objet d’une conciliation, la présence d’un représentant du personnel dans les jurys d’évaluation conduisant à l’intégration.

 

La grève des médecins passe inaperçue

Alors que tout le personnel hospitalier s’est mis en grève illimitée depuis mercredi, les médecins du CHM ont effectué un mouvement de 48h mercredi et jeudi. Ils sont remontés contre la décision des services fiscaux de mettre fin à un abattement sur leur surrémunération au bout de la 4e année d’exercice à Mayotte.

Des négociations ont eu lieu avec les services fiscaux, mais ils n’accorderaient qu’une année supplémentaire d’exonération fiscale aux praticiens. Certains craignent que cela incite la majorité d’entre eux à repartir de Mayotte au bout de 5 ans et de rendre plus difficile le recrutement de praticiens. Les médecins ont remis leur sort aux mains du président du conseil général. L’éventuel abandon d’une imposition totale des médecins au bout de la 5e année d’exercice sera peut-être prononcé ce lundi 8 juin, puisque la question sera à l’ordre du jour de la session plénière de l’assemblée départementale.

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