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SMEAM : la nouvelle équipe face à une situation catastrophique

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Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

Les élus arrivés fin juillet sur les bancs du syndicat des eaux sont tombés des nues face à l’ampleur des problèmes qui touchent la structure. Rapports à l’appui, ils dénoncent la gestion calamiteuse de l’ancienne équipe, qui les pousse aujourd’hui à jouer la carte de la transparence, pour restaurer la confiance. Et tenter de sauver le syndicat…

On leur a refilé la patate chaude, et ça, la nouvelle équipe du SMEAM entend bien le faire savoir. C’est pour cette raison qu’elle avait donné rendez-vous à la presse vendredi à Kawéni, pour présenter la “situation réelle” du syndicat. Et elle n’est pas belle à voir. “Nous avons été élus pour être transparents et dire la vérité”, a d’abord introduit le nouveau président et actuel maire de Bandraboua, Fahardine Bacar. Avant de lâcher, sans détour : “nous avons hérité d’une situation que l’on connaissait plus ou moins, mais on s’est vite rendu compte de l’ampleur des problèmes au sein du syndicat. La situation est si critique, qu’il se pourrait que nous ne puissions pas payer les salaires des agents le mois prochain…”, souffle l’élu.

Plus payer les salaires ! Silence dans l’assistance. Mais si l’annonce fait son effet, il faut toutefois rappeler que ce n’est pas la première fois que les voyants clignotent rouge au sujet de l’ex-SIEAM, devenu le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte au 1er janvier 2020 avec l’intégration des intercommunalités. Déjà en 2018, la Chambre régionale des comptes étrillait les nombreux dysfonctionnements au sein de la structure, censée exercer les compétences en matière d’eau et d’assainissement déléguées par les 17 communes de l’île. Au vu d’une gestion “lacunaire” et d’une évolution de sa trésorerie “préoccupante”, “le syndicat pourrait être confronté à une cessation de paiement”, avertissait déjà la chambre.

Dette et gestion magnégné

Deux ans après et deux autres rapports incendiaires au compteur, on peut dire que les sages ont visé juste. Le syndicat fait face à une situation financière catastrophique, dont la nouvelle équipe a eu le plaisir de découvrir l’étendue au moment de la publication d’un nouveau rapport, paru en août 2020 celui-là. On y apprend entre autres joyeusetés que les factures impayées s’élèvent à plus 23 millions d’euros pour un total de dettes qui frôle les 40 millions d’euros. Pire, à cause de cette fameuse gestion “magnégné”, le syndicat pourrait perdre des subventions à la pêle, faute d’un suivi régulier des opérations d’investissement permettant le respect des délais, ou encore à cause du non-respect des règles des subventions.

Le contrat de progrès de 2018, passé en urgence après le crise de l’eau de 2017 et qui devait permettre d’améliorer la situation du territoire en matière d’eau potable et d’assainissement, pourrait même être remis en cause, car le syndicat serait dans l’incapacité de le poursuivre, note le rapport de la CRC. Ce contrat, d’un montant de 140,5 millions d’euros sur trois ans (2018-2020) doit être renégocié. Or, “sur l’année 2020, l’intégralité des investissements programmés et en cours d’exécution sont financés à 100% par l’État”, révèle le président du SMEAM. Ce n’est pas comme si Mayotte, qui s’apprête par ailleurs à vivre une nouvelle crise de l’eau, pouvait faire l’économie de ces investissements stratégiques pour le territoire…

Petit chèque à Vinci

“Vraiment, tous les jours, nous apprenons de nouvelles choses”, complète avec effarement la première vice-présidente en charge de l’eau potable, Aminat Hariti. Comme ce petit chèque adressé à l’entreprise délégataire, alors même que Vinci doit s’acquitter d’une redevance trimestrielle de 2,4 millions d’euros. Cadeau de départ, bons comptes entre amis, ou solde de tout compte ? L’histoire ne le dit pas, mais l’ex-président du syndicat, directement visé par la nouvelle équipe, aurait ainsi signé juste avant son départ un accord pour reverser 1,9 millions à la maison-mère de la SMAE. “Paraît-il pour rembourser la dette, mais on ne comprend pas”, tente d’expliquer Aminat Hariti. “Et si c’est un acte sur lequel on ne peut pas revenir, la situation financière à court terme risque d’être d’autant plus tendue.” D’autant plus qu’il ne s’agit pas là des seuls déboires du syndicat. Le rapport de la Chambre régionale des comptes mentionne aussi les “travaux de débroussaillage, dépenses de formation sans réalisation effective, voyages et déplacements en métropole, à Madagascar, en Inde, ou encore (une) flotte de 34 véhicules pour 105 agents”, sans compter la gestion des ressources humaines qui “souffre d’irrégularités et d’effectifs élevés”.

40 à 50 ans pour rembourser la dette

Le drame de l’histoire ? Ce sont les Mahorais qui devront payer, si ce n’est déjà le cas, les pots cassés. “Nous avons un réseau qui est défaillant, et aujourd’hui nous le voyons bien avec les coupures. Certes, certaines visent à économiser la ressource. Mais ne nous mentons pas, d’autres sont bien le fait de problèmes techniques”, décoche la vice-présidente. Et d’évoquer à titre d’exemple, les réservoirs, d’une autonomie de 4h seulement dès qu’une intervention d’urgence doit être effectuée. Pour tenter de sortir la tête de l’eau, la nouvelle équipe planche d’ores-et-déjà sur un plan de redressement et un schéma directeur, pour préparer les investissements sur le long terme. Mais avant toute chose, il faut “sauver le SMEAM”. Et pour ce faire, “il nous faut au moins 80 millions d’euros d’emprunts. Or ces dettes-là, ce sont les Mahorais qui vont les payer, sur quarante voire cinquante ans”, signale Fahardine Bacar. La facture d’eau, déjà cible des commentaires les plus hargneux, pourrait devenir encore plus salée…

Pas d’investissement depuis 2001

Une nouvelle qui risque bien de faire du bruit dans les chaumières, alors que le spectre de la crise de 2017 pointe à nouveau le bout de son nez. Les deux retenues collinaires sont presque vides, l’usine de dessalement de Petite-Terre ne produit que 2.300 m3 contre les 5.300 m3 qui étaient prévus, tandis que l’usine de dessalement de Grande-Terre et la troisième retenue collinaire restent de beaux projets, mais sur le papier. “Les derniers investissements datent de la période 1994-2001. Depuis, aucun gros investissement n’a été mené à part quelques forages. Nous subissons aujourd’hui ces manques d’investissement”, analyse Aminat Hariti. Or, même en prenant le problème à bras le corps et en utilisant efficacement les quelque 40 millions d’euros qui resteront de l’emprunt de 80 millions d’euros, il faut sept ans pour construire une retenue collinaire, relève le DGS Ibrahim Aboubacar.

Bref, la nouvelle équipe du SMEAM a du pain sur la planche. Et cette réunion “transparente”, pour “rétablir la confiance”, était sans doute une manière de rappeler qu’elle n’en était pas la seule responsable. Dans le viseur des élus, l’ancien président Moussa Mohamadi Bavi, qui tente d’ailleurs depuis l’élection fin juillet de contester les résultats, car le quorum n’aurait pas été respecté. Mais pour les nouveaux venus, c’est presque le cadet de leur souci. “Oh vous savez, cette plainte, il a quand même peu de chance de la voir aboutir. Surtout quand on voit ce bilan…”, ironise un délégué de Pamandzi. Prêt à se retrousser les manches et à sauver le SMEAM ? “Inch’Allah !”

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