L'ACTUALITÉ DE MAYOTTE 100 % NUMÉRIQUE

Les infos de Mayotte depuis plus de 20 ans !

Édito : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien »

À lire également

Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

La connaissance et l’ignorance, la réalité et les préjugés, la vérité et les illusions, Platon les met en scène dans L’allégorie de la caverne, dans le livre VII de la République, où il donne la parole à son illustre prédécesseur. Pour sortir de l’ignorance, cela demande des efforts, du travail, nous explique-t-il.

Ces auteurs, ces textes fondateurs de la philosophie occidentale mettent en avant l’importance d’apprendre, pour mieux comprendre, pour se défaire de ses préjugés qui autrement peuvent déboucher sur le racisme, l’ostracisme ou la violence, en tout cas sur une illusion de vérité. Ils insistent sur l’importance donc capitale de l’éducation, pour au final diriger au mieux la cité et mieux vivre ensemble.

Ces lectures et ces réflexions me semblent toujours aussi bienvenues aujourd’hui, dans une île où les préjugés subsistent encore fortement de part et d’autre de groupes qui existent dans l’esprit de certains. Dans une île où des crispations apparaissent régulièrement, dans une île où des valeurs républicaines d’éducation pour tous, de respect, de tolérance, de fraternité, de liberté de l’individu sont en train de s’implanter chaque jour d’avantage. Certaines de ces valeurs étaient déjà largement partagées, valorisées, d’autres, comme la place prééminente de l’individu, malmènent le principe de l’unanimisme ou l’homogénéité du groupe, du village et l’organisation sociale.

« Quand on parle, on répète seulement ce que l’on sait déjà. Mais quand on écoute, on peut apprendre quelque chose de nouveau », nous rappelle le Dalaï Lama. L’idée est un peu la même. Pour apprendre, il faut savoir écouter, lire, demander. Les parcours individuels de chacun, les rencontres, les lectures génèrent alors de fait des individualités. Cela se fait avec les parents pour transmettre des valeurs, des cultures, des traditions, mais aussi à l’école, et ensuite tout au long de la vie.

A l’heure d’internet et de centaines de chaines de télé, tous n’apprennent plus la même chose en même temps. Chacun se fait sa propre idée, suit son chemin, d’où la difficulté et l’importance de maintenir, de recréer du lien social. Avec là les aberrations auxquelles on assiste de millions d’individus qui vivent seuls en France et dans le monde occidental en général, et en souffrent, des jeunes comme des vieux, avec une forte consommation de médicaments et la nécessité de sites internet pour essayer de les rassembler… La solitude provoque parfois un mal-être. Et la prédominance de l’intérêt de l’individu sur le groupe génère aussi des soucis face à la délinquance notamment. Les droits de l’individu, son droit à la liberté prévalent parfois face à la justice, notamment avec la question de la récidive, des peines planchers…

C’est pourtant de cette connaissance et de cette éducation qu’émerge le citoyen « éclairé », issu de la Révolution et des philosophes des Lumières. C’est de cette connaissance, de cet individu libre et égal aux autres qu’émerge l’idée de liberté et donc de justice pour qu’elle soit assurée.

« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde », nous a légué notamment Nelson Mandela. Mayotte là aussi a été longtemps oubliée. Des générations entières ont été sacrifiées, et aujourd’hui encore. Une stagiaire en classe de terminale cette semaine ne connaissait ni Gavroche et Zola, ni Martin Luther King. Il est difficile de partir la fleur au fusil en espérant gagner la guerre, ou trouver un emploi, sans savoir, sans tenir compte des leçons et des combats du passé. Il est difficile de gérer des individus, des « cités », sans connaître les outils à disposition, les moyens disponibles ou l’étendue des responsabilités.

Quand un homme est sorti de la caverne, nous raconte Platon, lorsqu’il est revenu voir ses anciens « amis » restés enchainés dans leur ignorance de la grotte allégorique, il en a été chassé. Et pourtant il savait. Et pourtant la terre tournait, avait dit Galilée.

Mayotte doit aujourd’hui consacrer tous les moyens disponibles pour améliorer le niveau de son éducation. Elle a besoin d’enseignants de qualité, engagés, motivés, attirés par cette île, sa beauté et sa douceur de vivre. Elle a besoin d’écoles, de collèges et de lycées en nombre suffisants.

Mayotte doit aujourd’hui accepter ses jeunes qui reviennent compétents, expérimentés, ouverts sur le monde. L’île et son développement, son avenir en ont cruellement besoin.

Les Anciens doivent leur transmettre leurs expériences, leurs valeurs, les leçons du passé, mais ils doivent aussi leur faire confiance, les accueillir, car ce sont eux qui pourront faire avancer cette île dans le monde d’aujourd’hui et de demain.

Apprendre, pour mieux comprendre, parce qu’on ne sait pas, en toute humilité. Demander, écouter, lire, se former, s’informer… Pour s’ouvrir au monde et aux autres, pour mieux se battre et défendre ses valeurs. Pour développer sereinement cette île. Pour pouvoir valoriser ses cultures… et son patrimoine.

 

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte hebdo n°1085

Le journal des jeunes

À la Une

Dix-neuf cas de dengue recensés en Petite-Terre

Depuis le début du mois d’avril, seule la Petite-Terre connaît des cas autochtones de dengue. 19 sont comptabilisés, ce mercredi 24 avril, confirme l’Agence...

Wuambushu 2 : Un nombre d’habitats illégaux détruits proche de la première opération

Une semaine exactement après le lancement de l’opération « Mayotte place nette », nouveau nom de Wuambushu, le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer a tenu...

La préfecture de Mayotte défend ses services face à Saïd Kambi

L’un des leaders des Forces vives de Mayotte, Saïd Kambi, s’en est pris à la secrétaire générale des affaires régionales, Maxime Ahrweiller Adousso, sur...

Centre médico-psychologique : Un premier lieu dédié aux enfants et adolescents naît à M’tsapéré

À M’tsapéré, dans la commune de Madmoudzou, le premier centre médico-psychologique pour enfants et adolescents (CMPEA) ouvert en décembre 2023, a été présenté au...

Accident mortel : Une cinquantenaire de Pamandzi condamnée pour la mort d’une fillette de six ans

En voulant traverser la route nationale 4, près du cimetière de Pamandzi, une fillette âgée de six ans a été percutée par une voiture,...