L'ACTUALITÉ DE MAYOTTE 100 % NUMÉRIQUE

Les infos de Mayotte depuis plus de 20 ans !

Édito : Le Premier ministre vient à Mayotte !

À lire également

Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

Que le Premier ministre soit accueilli par des chants et des danses, par des bisous et des colliers de fleurs ne me gène pas, au contraire. C’est faire preuve d’hospitalité et de respect vis-à-vis d’un hôte de marque, qui ne se rend pas dans tous les départements de France, surtout accompagné de trois ministres. Et le jasmin sent si bon…

En revanche, ce qui m’inquiète toujours dans ces visites, c’est le programme millimétré, aseptisé. Rien ne doit dépasser, les rues empruntées par le cortège seront nettoyées, il ne peut y avoir d’imprévu, pensent certains. Ceux qui reçoivent, la préfecture comme les élus locaux et les responsables des sites visités veulent faire honneur à cette visite. Ils veulent montrer le meilleur d’eux-mêmes, qu’ils savent tenir leur boutique, qu’ils méritent cette visite ministérielle. C’est la moindre des choses. Alors ils essayent de penser à tout, à arrondir les angles, repeindre pour l’occasion, fleurir, sécuriser les rues, quand en temps habituels l’endroit dégouline d’ordures répandues sur le sol, quand l’école déborde habituellement d’enfants dépenaillés, quand les caillasses attendent les automobilistes nocturnes.

Et il y a, de l’autre côté de la route, ceux qui voudraient que Manuel Valls aille à pied dans le bidonville de Kawéni, le plus grand de France, qu’il prenne conscience de la misère de ce bout de terre française, et qu’il se fasse même dépouiller, voire caillasser… Qu’il se rende compte de l’insécurité, de la vie quotidienne « réelle » vécue par ses concitoyens. Ils aimeraient que notre Premier ministre emprunte les routes les plus défoncées de l’île, aille se baigner dans les rivières les plus sales, attende en plein soleil dans les embouteillages matinaux et quotidiens si désagréables.

Il y a aussi ceux qui voudraient qu’il s’arrête de manière impromptue et visite une école rotative, saturée d’enfants, un collège où les toilettes débordent des fosses septiques, qu’il fasse un tour imprévu au marché ou à ses alentours, discute avec une maman sur le bord de sa terrasse. Ceux-là rêvent d’un Premier ministre citoyen, déambulant librement à pied dans les villes ou les quartiers, sans une meute de forces de l’ordre, de journalistes et de responsables politiques l’encerclant en permanence, l’empêchant même de voir autour. Ils imaginent encore un citoyen « normal », au service d’une République « normale », se rendant sur notre île pour se rendre compte par lui-même de la situation, de la réalité du terrain, humant l’état d’esprit, rencontrant quelques acteurs au hasard de ses déambulations…

Mais le Premier ministre est toujours très entouré et ne peut rencontrer tout le monde. De plus, il a une importante administration centrale relayée localement, sur le terrain, avec des services qui lui font remonter les dossiers, les situations, lui parlent des acteurs, des projets en cours, des responsables… et des irresponsables. Certains font état d’urgences, d’autres font état d’autres urgences, d’autres priorités.

Le Premier ministre arrive à Mayotte vendredi prochain, normalement, à moins qu’un évènement chamboule son agenda de ministre.

Mais quoi qu’il en soit, au final, ce qui comptera, c’est que les ministres soient plus, mieux sensibilisés sur l’ampleur du chantier à mener à Mayotte, sur l’ampleur des retards accumulés dans l’éducation, et la santé, l’aménagement du territoire, les déplacements, l’économie et le social.

Cela ne sert pas qu’il soit caillassé et blessé, qu’il soit conduit aux urgences et attende pendant 4 heures dans une salle bondée qu’un médecin arrive… car il serait pris en charge immédiatement si une telle situation se produisait… Mais que les chiffres et la situation lui soient présentés de façon suffisamment claire et précise, avec une comparaison suffisamment parlante avec le reste de l’Outremer et la Métropole, pour qu’il prenne conscience de la gravité de la situation et trouve avec les acteurs locaux les mesures à mettre en œuvre pour l’arranger. C’est ce qui compte pour nous, et dans tous les domaines.

Ce sont donc tous ces dossiers que nous connaissons trop, sur les constructions scolaires qui manquent et le niveau si bas des enfants, sur le désert médical, sur l’insécurité grandissante et quotidienne, la faiblesse du tissu économique, l’impact de l’immigration clandestine, le besoin d’ouvrir de nouvelles routes… qui doivent être préparés, argumentés, présentés par nos élus, défendus solidairement et sérieusement à tous les niveaux.

Avec la gestion efficace de toutes leurs équipes, c’est là tout le travail de nos élus, toute leur responsabilité qu’ils ont sollicitée, quand ils animaient leurs meetings, durant les campagnes électorales. C’est à leur capacité à mobiliser des fonds supplémentaires indispensables, à défendre nos intérêts, les intérêts du territoire qu’ils seront jugés.

Le Contrat de plan Etat-région sera a priori signé, tout comme le programme spécifique Mayotte 2025. Ces documents ont-ils fait l’objet de suffisamment de discussions, de négociations ? Les priorités seront-elles à la hauteur de nos attentes ?

Quels chiffres doivent être mis en avant ? Quels sites doivent être visités ? Quel message doivent entendre le Premier ministre et ses trois collègues ? Chacun a son avis, son point de vue. Certains voudront se faire briller, être sur les photos, montrer leur soutien au Gouvernement, espérant peut-être par ce biais obtenir les bonnes grâces de Paris. D’autres voudront plutôt marquer leur opposition, feront entendre plus fort leurs revendications, espérant se faire entendre, gagner là quelques voix pour demain, à avoir osé défier le Premier ministre.

Le Premier ministre vient à Mayotte… et repartira samedi 13 juin. Que restera-t-il ? Un nouveau document comme le Padd, qui ne fait que quelques centimètres sur une étagère ?… Ou aurons-nous des espoirs de chantiers, de travaux, d’actions, de réactions face à une situation qui se dégrade chaque jour, face à une île qui souffre ?

L’avenir radieux sera-t-il dessiné avec nos élus ou n’aurons-nous qu’une esquisse ? Un pacte sera-t-il signé, engageant fermement les différentes parties, ou ne nous restera-t-il que le souffle de l’avion qui redécolle et quelques photos souvenir ?

Le Premier ministre vient à Mayotte. C’est une bonne nouvelle. Il faut qu’elle en amène beaucoup d’autres.

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1082

Le journal des jeunes

À la Une

Crash Yemenia Airways : La peine maximale à nouveau requise en appel contre la compagnie

En première instance, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu coupable Yemenia Airways pour blessures et homicide involontaires. La même sentence est encore réclamée...

Jean-Hugues Ratenon et Estelle Youssouffa déterrent la hache de guerre

Par interventions à l’Assemblée nationale et communiqués interposés, Jean-Hugues Ratenon, député La France insoumise de la cinquième circonscription de La Réunion, et Estelle Youssouffa,...

Wuambushu 2 : Les élus mis dans la confidence des premiers détails

Avant le commencement de l’opération Wuambushu 2, dans trois semaines, les maires et élus départementaux de Mayotte ont eu droit de connaître les contours...

Une matinée à veiller sur la flore de l’îlot Mbouzi

Chaque année, en saison des pluies, l’équipe de la réserve naturelle nationale de l’îlot Mbouzi mène une opération de suivi des espèces patrimoniales. Il...

L’envie d’apprendre à Kaja Kaona au lieu « de se faire gazer »

L’insertion professionnelle est le mot d’ordre de l’association Kaja Kaona, implantée à Tsoundzou 1. Environ 350 jeunes de différents quartiers convergent ainsi vers l’emploi....