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23/10/2009 – A 13 ans en famille d’accueil…

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

 

 

{xtypo_dropcap}C’{/xtypo_dropcap}est une jeune fille en cavale qui vient à nous. Cela fait trois jours que Lydia* a fui la famille d’accueil dans laquelle elle était temporairement placée. 16 ans à peine, et déjà recherchée par les gendarmes et les services sociaux. Elle n’a plus de contact avec ses proches restés en Petite Terre. "Le juge a interdit à ma première famille d’accueil de m’approcher, alors qu’ils avaient entamé une procédure d’adoption. Mon père n’est pas à Mayotte et j’ai beaucoup de mal à joindre ma mère. Je ne veux plus continuer comme ca." Sans aucun papier d’identification, elle court chaque jour le risque d’être récupérée par la Paf. "Pour venir ici, j’ai traversé une partie de l’île toute seule et sans aucun papier d’identité. Je regrette tellement qu’on en soit arrivé là." Sous l’effet de la colère, elle a en effet lancé de fausses accusations contre sa famille d’accueil.

Ainée d’une fratrie de sept enfants, Lydia rencontre très tôt de graves difficultés. "Mon père est gravement malade, dans un état qui nécessite des soins permanents qui ne peuvent être faits à Mayotte." Sa mère, sans papier, doit gagner sa vie avec les contraintes d’une vie dans la clandestinité. Livrés à eux-mêmes une bonne partie de la journée, la jeune fille, ses frères et sœurs se débrouillent comme ils peuvent.

Après de nombreux problèmes, elle est confiée aux services sociaux. A 13 ans elle sera finalement placée dans une famille d’accueil qui engagera quelques temps plus tard une procédure d’adoption. Une démarche qui sera interrompue après les graves accusations de la jeune fille à l’encontre du couple qui l’accueille, et notamment contre le mari qu’elle a accusé d’attouchements. Au lendemain d’une bagarre avec une cousine qui a eu lieu en présence du couple, la jeune fille se rend chez l’assistant social du collège avec une lacération au bras. "Sous l’effet de la colère", nous explique-t-elle, elle lance des accusations qu’elle réitèrera durant son hospitalisation.

 

"J’étais en colère, je me sentais seule"

 

"Tout est allé très vite. Je ne me suis pas rendue compte de ce qui se passait. Elles (la psychologue et l’employée de l’Aide sociale à l’enfance) m’ont emmené chez moi pour prendre des vêtements. Puis à l’hôpital en me disant que j’étais gravement malade, alors que ce n’était pas vrai. J’étais en colère, je me sentais seule parce que personne ne venait me voir. J’étais constamment malade à cause des médicaments qu’ils me donnaient. Et j’ai dit ces choses. C’est seulement après que j’ai appris que, lors de l’audience devant la juge, ma famille d’accueil avait reçu une interdiction de me voir."

Aujourd’hui, elle ne souhaite qu’une seule chose, retourner chez sa première famille d’accueil. Celle-la même qu’elle a accusé de maltraitance quelques semaines plus tôt. " J’ai eu beau démentir ce que j’avais dit, mais personne ne me crois. La psychologue a dit à la juge que j’étais folle."

La famille d’accueil est abattue par cette histoire. Ils nous avouent avoir fait plusieurs demandes auprès des services sociaux pour obtenir de l’aide. "C’est vrai qu’on a eu des difficultés avec elle. On l’a accueillie à 13 ans, alors qu’elle était en plein dans les problèmes de la crise d’adolescence. Nous ne l’avions pas vue grandir, du coup nous ne savions pas forcément comment réagir. Nous avons essayé d’avoir de l’aide. Il y a un an, le juge Sastre nous a proposé une Aemo (Action éducative en milieu ouvert), personne n’est jamais venu", se désole Carine*. Les problèmes ont continué et malgré l’intervention d’une psychologue, rien n’y fait. Lydia a toujours autant de mal à se plier à un cadre de vie. Pour sa famille d’accueil, les pressions subies par la jeune fille y sont pour beaucoup.

 

"Elle va faire quoi sinon ? Trainer comme toutes ces filles et vendre son corps"

 

"À l’école elle subissait des moqueries, constamment on la traitait d’Anjouanaise accueillie par des blancs. Lorsque les démarches d’adoption ont été lancées, c’était pire. On connait l’importance des papiers ici à Mayotte. Elle avait constamment des réflexions du genre : "tu vas chez les mzungus, ca va te permettre d’avoir des papiers". Il était difficile pour elle de créer une relation de confiance avec quiconque dans un cadre pareil."

Le couple ne comprend pas l’aveuglement des autorités. "Nous ce qu’on veut c’est l’aider. Elle va faire quoi sinon ? Trainer comme toutes ces filles et vendre son corps. C’est ca que veulent les autorités ? Qu’elle devienne une soussou ? Le juge Sastre avait bien compris la situation, mais la juge qui l’a remplacé vient d’arriver à Mayotte. Elle ne connaît pas le contexte difficile. Elle ne peut que se fier à ce que les services sociaux lui disent." Malgré cette histoire, ils veulent relancer la procédure d’adoption et récupérer l’adolescente qu’ils considèrent comme leur fille.

Contactés par nos services, les services sociaux invoquent le secret professionnel. Ils se disent surtout consternés par cette démarche assez inhabituelle. "Notre devoir est de protéger cette jeune fille de sa famille d’accueil qui représente un environnement trop instable. Même si elle a 16 ans, elle est sous l’emprise de ce couple qui l’a eue depuis qu’elle a 13 ans", raconte l’éducatrice en charge du dossier. Avant d’ajouter que l’adolescente est sous protection judiciaire.

Elle nous explique que Lydia a été placée en famille d’accueil le temps d’éclaircir la situation, avant de terminer par un appel à la jeune fille. "On ne sait pas où elle est et on la recherche activement. Il faut lui dire de revenir nous voir, nous sommes là pour l’aider." La jeune fille continue de se cacher, apeurée à l'idée de ne pas pouvoir retourner au collège à la fin de ces vacances, et de perdre ses "parents".

* Prénoms d'emprunt

 

HT

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Mayotte Hebdo n°1082

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