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20/08/2010 – Education – François-Marie Perrin, nouveau vice-recteur

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{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : Quel a été votre parcours avant d'arriver à Mayotte ?

François-Marie Perrin : Je viens de l'académie de Nice où j'étais inspecteur d'académie adjoint des services départementaux de l'Education nationale. Donc adjoint de l'autorité qui organise l'Education nationale dans un département. Premier point de comparaison avec Mayotte c'est que les Alpes Maritimes c'est un million d'habitants, ici officiellement un peu moins de 200.000, mais en termes de population scolaire, le ratio est bien différent.

Le premier chiffre sur lequel je me suis attaché c'est la médiane de 17 ans, c'est-à-dire que la moitié de la population est plus jeune. J'ai été avant cela inspecteur d'académie-inspecteur pédagogique régional pour la vie scolaire dans deux académies, à Nice dans la dernière période et assez brièvement à Lille, et j'ai surtout une assez longue carrière de chef d'établissement, presque 20 ans. J'ai eu la chance, même le privilège, d'être proviseur du lycée français de Rome pendant 3 ans.

J'ai travaillé dans le Nord, en Savoie, dans les Alpes-Maritimes, dans le Var, tous les territoires sont différents, Mayotte encore plus évidemment, et ce qui est certain c'est qu'on ne peut jamais directement transférer les pratiques d'un territoire à l'autre, et c'est d'autant plus vrai ici.

 

MH : Vous arrivez tout juste, avez-vous eu l'occasion de rencontrer votre prédécesseur avant d'arriver ?

F.-M. P. : J'ai pris mes fonctions lundi, pour l'instant je découvre tout, je demande chaque jour à mon chauffeur de m'apprendre un mot supplémentaire de shimaore, et je n'ai pas encore fait le tour de l'île. L'avantage, c'est que je connais bien Jean-Claude Cirioni. Nous avons travaillé en Savoie ensemble il y a une dizaine d'années. Je l'ai eu plusieurs fois au téléphone au mois de juin et j'ai passé une matinée avec lui, juste avant de monter dans l'avion pour Mayotte.

La bonne surprise que j'ai en termes de pilotage dans ce vice-rectorat, c'est d'avoir déjà des outils, un tableau de bord, quelque chose de très affuté qui permet de prendre la mesure des conditions de travail ici. Et au-delà, il y a l'analyse, et comme je connais bien Jean-Claude Cirioni, je sais qu'on partage un certain nombre de choses, donc je peux faire miennes les analyses qui ont été les siennes. Ça facilite les choses.

Il y a un projet académique qui court jusqu'à 2011, il y en aura un autre par la suite, donc je peux m'inscrire dans la continuité. Ça ne veut pas dire que les choses seront à l'identique, mais nous avons le même système de valeurs, et je l'ai vu travailler en tant que proviseur, donc cette année sera avant tout une année de continuité.

 

"Du point de vue pédagogique, le fait de partir sur une base bilingue est indiscutablement un atout"

 

MH : Dans cette continuité, quelles seront les priorités ?

F.-M. P. : Ce sur quoi insiste le ministre, c'est sur l'accompagnement de l'ensemble des acteurs sur place, dont le vice-recteur, dans le processus de départementalisation. Elle se met en place maintenant et on nous demande évidemment de nous inscrire dans les priorités précédentes, c'est-à-dire accompagner la croissance démographique et scolariser tout le monde en français, et c'est pour cela que la priorité numéro un de Jean-Claude continuera à être la mienne : maitrise du français pour tout le monde. Et quand je dis tout le monde, c'est bien sur les élèves en formation initiale, mais il ne faut pas perdre de vue que le Greta s'occupe de la formation des adultes et de l'amélioration des compétences potentiellement de tous les salariés de la fonction publique. Et là aussi, la priorité c'est la maitrise de la langue française.

Au delà, la départementalisation du point de vue pédagogique, c'est tout ce qui tourne autour de la citoyenneté. Mais il s'agit aussi avec nos partenaires institutionnels de s'organiser. Par exemple, je sors à l'instant d'une réunion sur le transport scolaire. Le vice-rectorat est tripartite dans ce domaine, avec l'opérateur – qui vient de changer – et le conseil général. Ce n'est pas le vice-rectorat qui est le vrai client, il détient un certain nombre de clés, mais le principal client c'est le département. Et on sent bien qu'il y a un ajustement à faire, un développement à accompagner. Et c'est vrai pour l'aide sociale à l'enfance et pour de nombreux domaines.

L'avantage de la mobilité des fonctionnaires, c'est que nous avons tous un exemple de ce qui se passe en métropole, en principe. Forts de cette compétence, on a les moyens d'aider les élus à faire ce chemin qui est difficile. Moi, mon travail, c'est la pédagogie, mais ce n'est pas une fin en soi. L'action du vice-rectorat s'inscrit dans la globalité de l'action de l'Etat. On accompagne le développement du territoire, massivement du côté éducatif car on représente beaucoup sur le territoire.

 

MH : Sur le sujet de la langue française, il y a un débat sur le plurilinguisme, l'utilisation de la langue locale pour apprendre le français, il y a eu un important colloque sur le sujet en juin. Votre prédécesseur était assez sourd à ce discours, quelle est votre position ?

F.-M. P. : Ma position précise reste à définir car je ne connais pas assez la situation. Je sais que, d'une manière générale, on assiste à un développement des langues locales. D'où je viens, il y a un enseignement du nissart à l'école, on peut le prendre en option au bac. En ce qui concerne Mayotte, la question est de savoir si on a un matériau qui permette d'enseigner le shimaore.

Sur le sujet de l'utilisation du shimaore à l'école pour mieux apprendre le français, je ne suis pas un spécialiste de la question donc j'attends volontiers qu'on me fasse des propositions. Mais ce que je sais, c'est que le bilinguisme est un atout. A commencer par le personnel ici du vice-rectorat qui est Mahorais, ils sont tous bilingues, culturellement c'est une richesse, économiquement ça peut être valorisé, et si je reprends ma casquette de départ qui est celle de professeur d'italien, je sais que plus on connait de langues, plus on a de facilités pour en apprendre d'autres. Du point de vue pédagogique, le fait de partir sur une base bilingue est indiscutablement un atout.

J'ai le sentiment qu'attendu que le français n'est pas du tout pratiqué dans certaines familles, effectivement il y a une priorité. Mais attendu que de nombreux instituteurs sont bilingues, si on peut fabriquer des outils pédagogiques qui permettent de s'appuyer sur le shimaore pour faciliter l'apprentissage du français, moi je suis à 100% pour. Le bilinguisme est très précieux, il vous aide tout au long de votre cursus d'apprentissage.

 

"Je ne peux pas affirmer qu'il n'y aura plus de modulaires"

 

MH : Autre sujet de controverse, les constructions scolaires. Vous savez que deux établissements sont entièrement en préfabriqués, ce qui inquiète le conseil général qui doit récupérer la compétence des constructions et le refuse tant que les modulaires n'ont pas été remplacés par du dur.

F.-M. P. : Je n'ai pas le détail des demandes du conseil général, ce que je sais c'est que même si on n'ouvre pas d'établissements cette année, il y a 13 modulaires supplémentaires au lycée de Mamoudzou, qui accueille 300 élèves de plus à la rentrée. Ces modulaires ne sont pas nouveaux puisqu'ils étaient auparavant au collège de Pamandzi, le temps de la construction d'une extension. Et j'ai d'ailleurs été surpris de leur bon état car c'est leur troisième utilisation.

Il y a une situation d'urgence et je ne peux donc pas affirmer qu'il n'y aura plus de modulaires, je ne peux prédire l'avenir de l'évolution démographique. Et les préfabriqués sont le seul moyen de répondre de façon rapide à la croissance de la population scolaire. Que la Collectivité se soucie de récupérer un héritage dans le meilleur état possible, je peux le comprendre. Les modulaires qui sont ici sont de bonne qualité, mais quoi qu'il arrive notre ambition est de continuer à construire en dur. Pour l'instant, j'ai des éléments laissés par M. Cirioni pour 2011 : le lycée de Dembéni plus, au moins, une ou deux extensions.

Mais je compte surtout rencontrer très vite le président du conseil général et nous évoquerons certainement ce problème-là, mais je souhaite évoquer également avec lui d'autres sujets comme celui de l'aide sociale à l'enfance, qui me soucie moi, parce que le service existe mais je pense que le conseil général a besoin de renforcer son potentiel sur ce front là, et nous sommes prêts, avec les assistantes sociales de l'Education nationale, à travailler en pleine coopération avec eux comme cela se fait en métropole.

Sinon, on va continuer à augmenter le nombre de mètres carrés, plus d'établissements je ne sais pas car la population augmente mais peut baisser aussi. Le remplacement des deux établissements entièrement en modulaires est envisagé mais pas planifié, mais il est clair que le modulaire est provisoire. On sait que la situation financière de la Collectivité n'est pas au beau fixe, celle de l'Etat n'est pas non plus florissante, mais nous nous battons comme des lions – M. Cirioni le faisait et j'ai bien l'intention de mettre mes pas dans les siens – à la centrale. Il s'agit d'expliquer que contrairement à la métropole, on ne perd pas d'élèves mais on en gagne beaucoup, donc on n'a pas à passer sous la même coupe taillée par Bercy pour les autres départements, et ce n'est pas toujours facile de se faire entendre.

 

MH : Vous arrivez en pleine grève chez Total, votre prédécesseur a connu de nombreuses grèves des enseignants et des rapports houleux avec les syndicats, avez-vous pris connaissance de la situation, des revendications…?

F.-M. P. : Je n'ai pas encore fait de point là-dessus. J'ai un mail du Snuipp sur mon bureau, j'ai commencé à faire le tour des services du vice-rectorat, j'ai vu le responsable de la division des personnels enseignants du secondaire. Et comme je connais bien Jean-Claude, j'avais suivi ses péripéties, notamment la première année avec plus de 90 jours de grève dans le primaire, ce qui est énorme, un trimestre entier.

Dès que je serai saisi d'une demande d'audience de la part des syndicats, je les recevrai. Mon objectif est de faire fonctionner les organismes paritaires à la fois en toute transparence et en toute légalité, et j'insiste là-dessus, car il y a aussi des revendications qui correspondent à des choses qui ne sont pas réglementaires. Règlementation nationale ne veut pas dire uniformité, il y a ici des dispositions particulières qui sont prises pour ce territoire qui est spécifique, mais la réglementation s'applique. Si on considère qu'elle est inadaptée, c'est mon travail de le signaler et de faire des propositions. Mais je suis attaché à une relation partenariale régulière, franche, avec les partenaires sociaux, je respecte leurs mandats d'élus.

De plus, on a ici deux types de fonctionnaires : les locaux et les expatriés. Les expatriés ont choisi de venir à Mayotte, en toute connaissance de cause. Les conditions sont effectivement différentes de la métropole, elles sont contrebalancées par un certain nombre d'avantages que personne n'ignore, donc il faut assumer son choix.

 

MH : Comment vont s'organiser vos premières semaines de fonction ?

F.-M. P. : La première personne que je veux rencontrer c'est le préfet, ce qui est prévu mardi prochain. Je souhaite ensuite rencontrer les élus de l'île, à commencer par le président du conseil général, le maire de Mamoudzou, les sénateurs, le député, ensuite autant que de besoin toutes les personnalités nécessaires. Je souhaite continuer la tradition de M. Cirioni qui consiste, autant que faire se peut avec les contraintes d'agenda, en une visite par semaine sur le terrain, soit un établissement secondaire soit une école, et dans ce second cas ce sera au moins en partie en présence des maires concernés pour avoir un contact privilégié.

Mon objectif est d'avoir visité tous les établissements et toutes les circonscriptions, sinon à la fin de l'année, l'année prochaine. Mon souci, c'est d'aller sur le terrain, c'est important, ça l'est partout. Je veux voir les élèves, les profs et les maires.

 

Propos recueillis par Hélène Ferkatadji

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Mayotte hebdo n°1085

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