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15/02/2008 – Coupou coupou, l’éventail mahorais

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

Les gestes des demoiselles remuant l'éventail sont synchronisés, un balancement tantôt à gauche, un autre tantôt à droite, et en cadence, pondèrent l'avancée des pas du marié. Les impulsions des têtes se balancent identiques aux charmes des demoiselles serrant fermement le petit objet. Son doux élan rafraîchit vivement le marié et ses co-époux. Grâce à l'éventail et nonobstant la pesanteur du soleil, le trajet se révélera moins long.

Malgré l'entrée des Mahorais dans la société moderne, cet objet est l'un des rares qui se préserve au fil des générations. Plusieurs mamans motivées pour maintenir intactes les traditions du mariage local assurent la fabrication de cet éventail, à l'image de Ma M'hamadi domiciliée à Chiconi. Il est communément appelé en shimaoré ou kibuchi coupou coupou, "comme le coupe-coupe avec un ou", rigole la bouéni. La confection de cet éventail local est un art que Ma M'hamadi a acquis des anciens et qui se transmet de génération en génération. "Je ne suis pas allée à l'école, alors plutôt que de rester me coltiner les pouces à la maison, ma grand-mère m'a appris son métier."

 

"Je travaille comme m'a appris ma grand-mère"

L'éventail est fabriqué à l'aide de tissu et de fils de plusieurs couleurs. "Elle achète soit un rouleau entier de tissu qu'elle garde soigneusement à la maison, soit alors elle s'en achète au compte-goutte en fonction des besoins", observe sa fille.
"La bobine de fil me revient à 3 euros. Soit j'achète ici, soit je donne l'argent à des gens qui partent pour l'île Maurice et ils m'en procurent. Mais avec une bobine je peux créer jusqu'à 10 éventails", précise la maman. Le tissu s'achète à 2,50 euros le mètre. D'une coloration vive, bleue, blanche, rouge, verte, noire… tous les styles se mélangent. "Je n'ai pas vraiment une marque de fabrique. Je travaille comme m'a appris ma grand-mère. À l'exception qu'aujourd'hui je peux fabriquer plus d'éventails qu'avant, car le gros du travail se fait avec l'aide de la machine".
Plusieurs outils ramassés dans la nature sont essentiels à la confection de cet objet. Il y a le bois du m'vangati (le dattier local), il servira à fabriquer le manche de cet éventail. Le ouvanba, le coton local qui provient du kapokier, charge les objets secondaires accompagnant l'éventail comme le penpé m'fugui qui sert durant les mariages à accrocher l'or se rendant chez la mariée.
Le coupou coupou quant a lui, sa tête doit être solide. "Pour le corps de l'éventail on utilise un morceau de natte à raphia", précise l'artiste. Cette natte sera ensuite recouverte de tissus. Entourée par la suite de motifs travaillés à la main et le tout suspendu au bois de m'vangate qui sert de manche. "Le tissu est très important pour coudre le coupou coupou, mais la colle a aussi son rôle à jouer", explique la bouéni.
Des ornements se collent sur la face de l'objet pour le rendre encore plus pimpant. Une fois l'éventail fini, il est vendu 5 euros de nos jours, "avant il coûtait 15 francs", se souvient ma M'hamadi qui, à 40 ans, a déjà 20 ans de métier derrière elle.

 

Les gens se déplacent des quatre coins de l'île pour venir acheter ses éventails

Les autres ustensiles qui accompagnent ce coupou coupou coûtent quant à eux un peu plus cher. "C'est normal, ils demandent plus de travail. Par jour, je peux fabriquer jusqu'à trois éventails alors qu'il me faudra 3 jour pour confectionner un penpé m'fugui", témoigne ma M'hamadi. Chargés de feuilles de coco et de coton local, ces objets vont également accompagner la cérémonie du mariage. On y accrochera de l'or. On décorera le lit de la mariée.
"Auparavant, toute la décoration que l'on voit apparaître aujourd'hui dans les maisons provenant de Dubaï n'existait pas, alors nos parents confectionnaient eux-mêmes la décoration des époux", se rappelle très bien ma M'hamadi.
Fervente détentrice d'un savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération dans cette famille de Chiconi, ma M'hamadi travaille pour la fabrication des coupou coupou et des objets qui les accompagnent. La sœur de ma M'hamadi connaît également les filons du métier. Leur travail prend toute son utilité surtout en période de grands mariages (juillet et août) où les gens se déplacent des quatre coins de l'île pour venir acheter leurs éventails qui rafraîchiront les mariés.
En dehors de cette période, les clients se font rares, alors l'heure est à la débrouille pour nourrir la grande famille : "oui, oui, je vais à la campagne pour cultiver le manioc".

Denise Marie Harouna

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