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13 ans de prison ferme pour avoir tenté de tuer sa copine

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

C’était le jeudi 15 novembre 2012, aux alentours de 7h du matin. Un jeudi comme un autre pour Larissa, qui prend le chemin vers l’arrêt de bus, à cinquante mètres de chez elle. Elle ne se doutait pas que son petit ami, avec qui elle a eu une dispute la veille, allait attenter à sa vie. Dans la salle d’audience, les bancs de la défense sont remplis par la famille de l’accusé, venus soutenir leur enfant et le voir aussi. Dans les bancs, de la partie civile c’est plus clairsemé.

Les membres de la famille du jeune homme sont émus. Son père ne peut suivre l’audience, il s’est assis par terre à l’extérieur de la salle d’audience. Le jeune Anli est entendu, il est à la barre. Vêtu d’un pantalon noir, d’une chemise à rayures à manches longues, qu’il a plié et d’une converse. Il a une belle présentation. Il raconte l’histoire d’amour qui le liait à Larissa. Une histoire teintée de jalousie. “On ne peut pas dire que je suis jaloux, mais souvent je demande des explications”, corrige-t-il à la barre. Et des explications, il en demande très souvent. L’histoire se vit au rythme de séparation et de reprise, comme s’ils avaient du mal à y mettre un terme. Il faut dire qu’ils habitent dans le même quartier, dans les hauteurs de Chiconi, en direction de Sohoa.

Dans sa déposition, Larissa raconte que le jeune homme ne cessait de faire du chantage au suicide, à chaque séparation. “Vous ne pouviez pas vous passer d’elle” demande le juge Dior, “non” répond-il. La veille du drame, le soir, ils se sont retrouvés au stade de Chiconi. Larissa était accompagnée d’une amie.
“Elle m’a dit des choses irrespectueuses”, dit-il avec hésitation au juge. Cependant, il ne veut pas expliciter cette chose irrespectueuse. “Elle m’a dit qu’elle allait se prostituer pour pouvoir payer leur loyer” finit-il par lâcher. Le jeune homme n’a pas supporté cette phrase, cette idée et a giflé, celle qu’il dit aimer.

Ce soir-là, Anli, a du mal à dormir. Il part se coucher avec ses neveux, mais le sommeil ne vient pas. Tard au milieu de la nuit, Larissa lui envoie deux messages. “Je couche avec toi et c’est avec une gifle que tu me récompenses” accable-t-elle. Dans le deuxième message, elle lui annonce la fin de leur histoire. Le matin, il doit aller au champ. Il se réveille, s’habille d’une veste à capuche. Prend, un sac, qu’il remplit de chombo et couteau, mais il va d’abord attendre Larissa devant chez elle.
Quand, il la voit aller à l’arrêt de bus, il la suit. Arrivé à l’arrêt, il part lui parler. Elle lui dit que c’est fini.
“Va te faire faire foutre, lena-amboa-razana (insulte malgache, qui peut se traduire par “tous tes ancêtres ont été baisés par des chiens”) lui dit-elle.
Après cette phrase un long silence s’impose dans la salle d’audience. Le jeune homme de 23 ans pleure. Le juge lui demande de raconter les faits. “C’est difficile de raconter”, dit-il. Et pourtant, il faudra le faire. Il faudra expliquer son geste, lui que l’expert psychiatrique dit ne souffrir d’aucune pathologie, ni de carence affective.

Une audience en civil aura lieu pour l’indemnisation de la victime

Pour le psychiatre, la séparation a peut-être été une atteinte narcissique, qui a provoqué le passage à l’acte. Anli pleure et dans les bancs sa mère aussi. La vieille dame ne pouvant soutenir la scène sort du tribunal, sa soeur également.
Le juge lit le procès-verbal pour l’encourager à parler. Il lui a donc tordu la tête puis a mis la main dans le sac et a pris un couteau au hasard.
Il la retient et lui assène un coup de couteau puis un deuxième. C’est l’horreur à ce moment-là, les lycéens présents s’enfuient. Un cousin du jeune homme est présent, tente de s’interposer.
Larissa parvient à fuir son bourreau, mais il la poursuit. Le sang se repend. “Donc vous la poursuivez, vous voyez qu’elle tombe en avant par terre et vous portez d’autres coups”, lit le juge.
Larissa se défend malgré tout et reçoit d’autres coups au bras et à la cuisse. Ensuite, Anli enlève sa veste et retourne le couteau contre lui et se cause une blessure superficielle. Larissa arrive à tituber jusqu’à chez elle et alerte sa tante. Cette dernière la voyant ensanglantée, presque agonisante, hurle et alerte à son tour tout le voisinage.
Fort heureusement, des infirmières habitent à proximité et apporteront les premiers secours. Évacuée aux urgences de Mamoudzou, elle sera admise en réanimation.

Aujourd’hui, la jeune femme orne son cou de gros bijou ou d’écharpe pour cacher la cicatrice. Contre le jeune Anli le procureur a requis quatorze ans de prison, les jurés l’ont condamné à treize ans. Marjane Ghaem, avocate de la partie civile se prépare déjà pour une audience en civil, pour demander une indemnisation, mais avant cela Larissa devrait être vue par un expert pour évaluer son traumatisme. Pour maître Andjilani, l’avocat de la défense : “Anli n’est pas un criminel, mais il a été animé par une folie passagère due à la séparation”.

Kalathoumi Abdil-Hadi

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