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13/03/2009 – Magazine : Portrait de Raoul Danes, Pilote de haut vol

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Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

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{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}orsqu'on le voit, difficile d’imaginer que ce jeune homme d'à peine 25 ans, qui a suivi sa scolarité à l'école annexe de Mamoudzou puis au collège de Kawéni et au lycée de Mamoudzou, survole chaque semaine toute l'Europe aux commandes d’un avion de ligne. Mais rien de bien étonnant, surtout lorsqu'on sait qu'à 14 ans déjà, il avait l'habitude de voler au-dessus de l'île avec un monomoteur PA28.

"J’étais à l'aéroclub à Dzaoudzi. Je volais avec un moniteur parce qu'on a le droit de voler seul qu'à partir de 16 ans." Un destin qui semble tout tracé, depuis ce jour où il assiste au décollage d'un Boeing. Il avait alors 7 ans. "Je m'en souviendrai toute ma vie, c'était à Nairobi. J'ai vu décoller un Boeing 747 et je me suis dis : c'est ca que je veux faire dans ma vie."

Né à Mamoudzou en 1984, Raoul est le second enfant de la famille Danes, un couple de commerçants indiens installé à Mayotte depuis une trentaine d'années. Ecole annexe, collège de Kawéni puis lycée de Mamoudzou, lui aussi usera ses fonds de culottes dans ces établissements où sont passés tant d’autres petits mahorais. Mais Raoul a de belles ambitions.

Après un bac scientifique à Montpelier, il entame des études de médecine qu'il abandonnera après quelques mois pour se lancer dans sa voie de prédilection. Dès 2004, le jeune homme commence une formation de pilote professionnel à l'ESMA, l'Ecole supérieure des métiers de l'aérien. Ici, le cursus se fait en deux ans : une année théorique et une année pratique avec obligation de réussite sous peine de tout recommencer. La pression est d’autant plus forte que pour financer ces études coûteuses, le jeune homme est contraint de faire un prêt. Son diplôme en poche, il part passer sa qualification à Bruxelles sur Boeing 737 classic.

"Après les études de deux ans, il faut se qualifier sur chaque appareil. C'est comme avec le permis. Même si on en a un, il faut en passer d'autres pour chaque type d'engins. En gros, on a deux semaines de cours pratiques, où on apprend les manuels, et quatre autres semaines avec des simulateurs dans une boite. C'est seulement après qu'on passe en vol réel sans passagers."

Une rêve devenu réalité

Pour le jeune homme, ce premier vol sur un appareil bi-réacteur est vécu comme la concrétisation d'un rêve d'enfance. Une heure entière avec un 737 entre les mains !… Un moment inoubliable avec deux instructeurs pour chapeauter le tout. "C'est un moment magique, vous ne pouvez pas imaginer à quel point. On a le cœur qui bat un coup… puis qui s'arrête. On se dit ce n’est pas possible, je fais voler un appareil qui pèse 55 tonnes. De 7 ans jusqu'à 22 ans je n'ai rêvé que de ça."

A partir de là tout s'enchaine très vite. Deux semaines plus tard, il est engagé dans la compagnie aérienne Virgin express (actuelle Brussels Airlines). Arrive enfin le premier vol avec passagers… un trajet Bruxelles-Genève avec 130 passagers à bord et une piste couverte de neige au décollage. "L'avion était plein parce que les gens allaient skier. Je me rappelle quand on est arrivé à Genève, au moment où l'avion tournait, je voyais les reflets du soleil à l'horizon…"

Espagne, Maroc, Portugal, Grèce… Bientôt les villes défilent en même temps que les heures de vol. Mais Raoul fait en sorte de garder les pieds sur terre. De la chance, il sait qu'il en a eu, surtout dans un métier où la concurrence est de plus en plus rude.

"Aujourd'hui, je dirais qu'il y a plus de 3.000 pilotes qualifiés qui sont au chômage. Il faut vraiment être motivé, avoir de l'assurance, tout en sachant constamment se remettre en question. Etre capable d'accepter l'idée que l'on puisse se tromper, traiter rapidement les informations et trouver la réponse la mieux adaptée. C'est ce genre de profils que les compagnies recherchent le plus."

{xtypo_quote}C'est un métier difficile, mais une fois qu'on est en vol, c'est vraiment le plus beau bureau du monde{/xtypo_quote}

Même si le jeune homme a fait une grosse part du boulot, difficile de se reposer sur ses lauriers : de nombreux sacrifices restent à faire. En effet, pas évident de construire et consolider une vie familiale avec un rythme de travail aussi contraignant. Sept jours de travail suivis de quatre jours de repos. Pour un pilote, il n'est pas rare de dormir à l'étranger et encore plus s'il effectue des vols long courrier. Mais d'après le jeune homme, le plus difficile reste l’obligation d’être toujours au maximum de ses capacités physiques et intellectuelles.

"On a une formation très stricte. On apprend par cœur tout ce qu'il faut faire à chaque problème rencontré : les pannes, les feux moteur ou la dépressurisation. Parce que dans certaines situations on n'a pas le temps de réfléchir, il y a alors une marche à suivre. Par exemple en cas de dépressurisation explosive, on est à 10.000 mètres d'altitude. L’air est irrespirable. On n'a que 10 secondes pour réagir avant que tous les gaz ne s'échappent du corps. Si on ne met pas le masque, on tombe vite dans les pommes. Ce sont des gestes vitaux qu'on connait par cœur."

Un pilote doit aussi être au point sur les dernières technologies utilisées dans les appareils. Remise à niveau tous les six mois, avec deux jours d'examen pour le maintien des compétences. Chaque année, il subit ainsi une série de tests, ainsi que la sacro sainte visite médicale. Acuité auditive, visuelle, bon fonctionnement du cœur et des poumons… Pour des raisons de sécurité, le corps doit être dans un état de fonctionnement optimal, sinon c’est l’atterrissage forcé.

"A partir de -3 pour les myopes, il faut avoir une dérogation spéciale pour continuer à voler. Sur les vols civils, pour les militaires, il faut avoir une vue parfaite. On a un copilote chez nous qui a perdu sa licence au bout d'une année parce qu'il avait des petits problèmes de cœur. Il a été reclassé dans la compagnie. Il s'occupe maintenant de la mise à niveau des ouvrages de formation…"

Le prochain défi de Raoul : passer commandant de bord. Encore une année et quelques milliers de kilomètres à franchir avant d’atteindre les 4 ans d'ancienneté et 3.000 heures de vol requis. "C'est un métier difficile, mais une fois qu'on est en vol, c'est vraiment le plus beau bureau du monde. Il faut s'accrocher et y croire. Comme pour tous les métiers passionnant."

Même s'il ne compte pas venir travailler sur les lignes qui desservent Mayotte pour le moment, le jeune homme aimerait bien couvrir les pays africains. Une manière de retrouver un peu de cette atmosphère qui a bercé son enfance, et voler de nouveau sous les latitudes de son île natale.

 

Halda Toihiridini

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