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13/02/2009 – Justice : Un voleur sans pitié

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

 

 

{xtypo_dropcap}"{/xtypo_dropcap}Charognard". L’adjectif est très fort quand il qualifie une personne, surtout quand il est prononcé par le président du tribunal Alain Mancini. Il faut dire que l’affaire qui a provoqué sa réaction n’est pas commune. Saïd*, ressortissant malgache, se trouvait en fin d’année dernière au parc de la Pointe Mahabou. Anastasie* s’y trouvait également pour y passer un bon moment avec ses enfants et son mari.

Mais, la balade vire au cauchemar lorsque son époux qui effectuait son jogging est victime d’un arrêt cardiaque et perd la vie. Assistant à la scène, Saïd propose son soutien moral à Anastasie et de la raccompagner (bien que non-titulaire d’un permis de conduire) ainsi que ses enfants à leur domicile à Majicavo Koropa. La femme accepte et Saïd effectue sa bonne action de la journée.

Toutefois, Anastasie se rendra compte plus tard que Saïd n’avait pas l’âme compatissante. En effet, ses papiers ainsi que ceux de son mari ont disparu pendant le retour à la maison. A l’audience, le président Mancini a rappelé les faits à Saïd, mais celui-ci a nié tout vol. “Je suis détenteur d’une carte de séjour, je ne vois pas quel intérêt j’aurais à voler des papiers et à les revendre”, s’est défendu le prévenu. Cela n’a pas convaincu le juge qui a relevé de nombreuses contradictions entre le procès-verbal retranscrit par la gendarmerie et les dires du présumé-voleur à l’audience.

Quinze mois de prison avec placement sous mandat de dépôt

“On a retrouvé tous les papiers et les cartes bancaires de Monsieur C. à votre domicile”, lui a répondu Alain Mancini. C’est à ce moment-là que le magistrat a qualifié Saïd de “charognard”, considérant que celui-ci a profité du décès de Monsieur C. pour lui faire les poches. Dans son réquisitoire, le procureur de la République Gilles Rognoni n’a pas été plus tendre, puisqu’il a estimé que le comportement de Saïd était “lamentable.”

Avant de prononcer le verdict, Alain Mancini a suspendu l’audience, sûrement pour que le procureur demande aux gendarmes de venir au palais de justice. En effet, une fois ceux-ci arrivés, Saïd s’est vu lire le verdict : 15 mois de prison avec placement en mandat de dépôt pour vol et conduite sans permis (il a été relaxé pour l’infraction à la législation sur les étrangers). Surpris par ce jugement, Saïd n’a pas eu le temps de se poser trop de questions puisqu’il a été menotté aussitôt et emmené à la Maison d’arrêt de Majicavo. Les larmes aux yeux, il a demandé au président s’il pouvait passer un coup de fil à son épouse. “Vous verrez cela avec les gendarmes”, lui a simplement rétorqué le magistrat.

 

Faïd Souhaïli

 


 

D’autres affaires

 

Le sens des mots… importe beaucoup

L’association Solidarité Mayotte est connue à Mayotte pour ses actions caritatives au profit des plus démunis, qu’ils soient Mahorais ou étrangers. Pour cette raison, Solidarité Mayotte attire beaucoup d’étrangers en situation irrégulière et des demandeurs d’asile arrivant d'Afrique.

Mercredi, l’association était à la barre pour avoir fourni il y a quelques mois des attestations inexactes à des demandeurs d’asile. En effet, la loi demande aux réfugiés de fournir une attestation de domicile dans leur dossier de demande d’asile. Or, Solidarité Mayotte a fourni une attestation d’hébergement, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. “Le sens des mots compte”, a indiqué le président Mancini à Mme Marchand, représentante de Solidarité Mayotte. Une phrase qui a fait bondir Me Sylvie Sevin, défenderesse de l’association.

“L’administration aussi doit connaître le sens des mots !”, a-t-elle répliqué. En effet, la domiciliation consiste à avoir une adresse postale pour recevoir du courrier (on peut donc être domicilié à une adresse sans y habiter), alors que l’hébergement implique le fait d’habiter à une adresse précise. “Quand Mme Marchand a fait l’attestation, c’était en pleine connaissance de la législation sur les demandes d’asile. Pour elle, cet engagement ne valait pas hébergement. Les documents de la préfecture demandaient une attestation d’hébergement, donc elle s’y est pliée malgré tout. On ne pouvait pas laisser tous ces demandeurs d’asile sur le carreau”, affirme Me Sevin. Celle-ci affirme néanmoins qu’aujourd’hui Solidarité Mayotte est habilitée et agréée par la préfecture pour domicilier des réfugiés. Le jugement a été mis en délibéré pour le 4 mars.

 

Des ombrines vendues… à même le sol

Les ombrines tropicales ne sont présentes à Mayotte que dans les cages d’aquaculture et sont rarement vendues sur les marchés locaux à même le sol, contrairement à d’autres poissons. Pourtant, Zoubert*, Majani* et Damir* ont bien permis, à cause de leurs vols, que ces poissons se retrouvent sur les trottoirs de Majicavo Koropa. Salariés chez Mayotte Aquaculture, ils prélevaient des poissons qui étaient par la suite revendus à une coopérative de pêcheur (illégale selon le président Mancini). “Pour une somme de 100 €, vous avez perdu un emploi qui vous en rapportez plus de 1000 par mois”, a fait remarqué le président Mancini. En effet, depuis leur larcin de 80 kilos, ils ont été licenciés. Ils ont été condamnés à 3 mois de prison avec sursis.

Dans une autre affaire liée à ce dossier, les revendeurs ont eux aussi été condamnés, mais à deux mois de prison avec sursis et à une interdiction de territoire français de 3 ans, car ils étaient en situation irrégulière.

 

Il faut toujours boucler… sa ceinture

Quand on est en voiture, il faut boucler sa ceinture. Nadia l’a appris à ses dépens et les conséquences de son oubli auraient pu prendre des conséquences bien fâcheuses. Alors qu’elle est assise à bord d’un taxi, le véhicule se fait stopper par la police. Les forces de l’ordre ont constaté que la passagère n’avait pas mis sa ceinture de sécurité et lui demandent également ses papiers d’identité.

De nationalité comorienne, Nadia obtempère, mais les policiers lui font remarquer qu’elle n’a pas de titre de séjour. Tout d’un coup c’est la panique et rapidement les insultes fusent. Pour les policiers, Nadia a été outrancière en leur disant "d’aller se faire f….", alors que pour l’avocate de Nadia, Me Sevin, les policiers n’ont pas été blancs comme neige non plus.

A la barre, Nadia a reconnu son comportement, tout en insistant sur le fait que les policiers ont été irrespectueux à son égard. Me Sevin a fait remarquer qu’à la date de l’altercation, Nadia venait juste d’avoir 18 ans et que sa situation irrégulière était toute récente. “Avez-vous fait des formalités pour régulariser votre situation ?”, a interrogé le président Mancini envers la prévenue. Celle-ci a affirmé que c’était en cours. Au vu de sa situation (a priori régularisable), le président Mancini a fait preuve de clémence.

“Je vous condamne à deux mois de prison assorti d’un sursis simple. Il n’y aura pas d’inscription au bulletin n°2 de votre casier judiciaire. Les mots que vous avez prononcé ne sont pas dignes de sortir de la bouche d’une charmante jeune femme”, a-t-il conclu son verdict.

 

* prénoms d'emprunt

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1082

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