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10/04/2009 – Enquête : Où va le comité du tourisme ?

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Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

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{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}utant l'écrire tout de suite : le fonctionnement du comité départemental du tourisme de Mayotte (CDTM) n'est pas entravé par d'obscures manœuvres politiciennes, comme celles qui ont conduit à la mise en liquidation judiciaire du Cnam, dirigé par Mustohi Mari, conseiller général de Bandrélé et membre de l'opposition.

Avec à sa tête Ahmada Madi Chanfi, deuxième vice-président du CG, conseiller général de M'tsangamouji et membre important de la majorité, il n'a cependant pas échappé à la réduction des lignes budgétaires 2009 votées en décembre par la Collectivité. Cependant, le tassement soudain des ressources n'est pas, loin s'en faut, la seule cause des maux qui affectent le comité départemental de tourisme de Mayotte.

Au fait de la situation financière difficile que traverse la Collectivité, M. Chanfi a pourtant fait montre d'un optimisme immodéré quant aux ressources qui seraient allouées à sa structure, exhortant ses services à engager des dépenses sur la base d'un montant annuel disponible de 2,5 millions d'euros. En décembre, la sanction tombe. Des 2,5 millions d'euros promis par le président, le budget total passe à 1,5 M€. Et faute de production d'un compte administratif sincère, le reliquat du budget 2008 n'a toujours pas été versé.

Malgré l'effondrement des ressources, le comité a multiplié les embauches. Pour un effectif global d'une trentaine de personnes, sans compter les personnels mis à disposition par la Collectivité, huit ont été recrutés depuis la nomination de M. Chanfi. Tous des emplois affinitaires, dont la plupart des bénéficiaires sont des proches ou des parents du président et du vice-président. Soit un accroissement de 10% de la masse salariale, qui consommait déjà plus de 50% des ressources du comité, avec les résultats concrets que l'on connaît…

Pire, la rémunération de ces nouveaux employés est souvent bien supérieure à celle des cadres en poste depuis plusieurs années, et ce bien que le comité fonctionne selon la convention collective des organismes de tourisme, qui dispose que la rémunération est proportionnelle au niveau de responsabilité, et non au niveau d'étude.

 

 

Un climat délétère et des pressions sur les salariés

Manque de rigueur et de clairvoyance, largesse de gestion, collusion et clientélisme ont donc conduit à l'aggravation de la situation financière du comité, dont les salariés et les prestataires sont les premières victimes.

"Les problèmes de trésorerie nous font vraiment craindre le pire. Chaque mois, nos salaires arrivent avec toujours plus de retard. Et le management est tyrannique. C'est marche ou crève", décrit une source en poste au comité. La seule voix officielle qui ose s'élever en interne contre ces agissements est syndicale. A tel point que Force Ouvrière a connu une vague d'adhésion sans précèdent au cours de ces derniers mois.

Les prestataires, quant à eux, ne sont plus payés. Une pléiade de TPE PME se retrouve fragilisées, avec, pour la plupart, la perspective d'une liquidation judiciaire comme épée de Damoclès. Pour faire valoir leurs droits, comme les salariés, ils cherchent à se regrouper. Un collectif s'est ainsi créé spontanément il y a quelques semaines, dont la première réunion aura lieu mardi.

Quant aux partenaires qui travaillent sur des bases annuelles ou de longues périodes en collaboration avec le CDTM, beaucoup hésitent à réaffirmer leur engagement, tant les délais de paiement s'allongent. "Le climat, déjà délétère entre les partenaires et le comité, se détériore de jour en jour, surtout depuis la surprise du vote du budget", explique une source proche du dossier.

 

 

Voyages en classe confort

Pourtant, dans le même temps, M. Chanfi et le vice-président continuent de voyager en classe confort. "Scandaleux, honteux !", s'époumone un socio-professionnel siégeant à l'assemblée du comité : "Alors qu'ils ont publiquement pris position contre les croisières, qu'ils ont été grossiers avec les représentants de la compagnie Costa, ils courent les salons consacrés au secteur à travers le monde. Le Sea cruise à Venise, les Rencontres internationales de la croisière aux Seychelles… heureusement qu'ont a gueulé pour les empêcher d'aller à Miami, sinon le manège aurait continué encore longtemps !"

Dans le même registre, la présidence a soumis, unilatéralement, un règlement intérieur et des statuts de l'association révisés à l'assemblée exécutive de l'île – qui finance cet organisme avec les taxes prélevées sur tous les produits importés sur l'île, rendant ces produits d'autant plus chers. Ce règlement intérieur fixe des indemnités compensatoires d'un montant ubuesque, à destination des président et vice-présidents, comme des indemnités de présence de 40 euros pour chaque réunion de travail !

Des modifications entachées d'illégalité par deux fois. D'abord parce que l'assemblée générale du comité n'a jamais eu connaissance et encore moins validé ces nouvelles dispositions. Mais aussi et surtout parce que les montants des rémunérations et autres indemnités et émoluments doivent être accolés à un contrat de travail négocié entre parties, et n'ont aucune valeur juridique dans un règlement intérieur. La combine aurait pu aboutir, mais le stratagème était tellement grotesque qu'il a finalement conduit les instances à s'intéresser de près au fonctionnement du comité.

 

 

Dans le collimateur de la justice

Dans un courrier adressé à la présidence du CDTM le 6 janvier, l'inspection du travail met ainsi en demeure la présidence d'opérer en urgence la requalification des CCD en CDI, la législation en vigueur à Mayotte interdisant de contracter des engagements précaires à d'autres fins qu'un remplacement provisoire ou de missions spécifiques.

Pourtant, la majorité des liens contractuels qui unissent les cadres au comité sont de nature provisoire. Même celui de l'ancien directeur, Georges Mecs : deux contrats successifs d'une durée de deux ans. Il demande la requalification de son contrat depuis plusieurs mois maintenant, en vain. Il a été muté à la direction de l'antenne du CDTM à la Réunion. Autre point, tout aussi important, souligné par l'inspection du travail : procéder à l'élection des délégués du personnel. A l'heure où nous écrivons ces lignes, il reste 24 heures à la présidence du CDTM pour organiser ces élections, avant de verser dans l'illégalité.

Enfin, et l'affaire vient d'être portée devant la justice, la présidence s'oppose jusque là aux versements des salaires pour les congés payés et les arrêts maladies. Ainsi, une employée du comité, qui a tenu à garder l'anonymat, n'est plus payée depuis deux mois. Malgré les nombreuses injonctions en ce sens émanant de l'inspection du travail et des syndicats de salariés, la présidence du comité campe sur ses positions et refuse de régulariser la situation.

La présidence, contactée à maintes reprises au cours de cette enquête, par divers moyens, directs et indirects, est restée injoignable. Elle ne peut cependant feindre d'ignorer les mises en demeure de l'inspection du travail. En effet, le comité a honoré l'une des quatre recommandations enjointes par l'inspection du travail, à savoir régulariser sa situation vis-à-vis de la médecine du travail.

 

 

Un navire à la dérive

Mayotte est l'invité d'honneur du Salon du tourisme de Colmar, qui se déroulera en octobre prochain. Pour beaucoup de professionnels du tourisme, ce n'est pas la manifestation la plus apte à servir les intérêts du tourisme à Mayotte. "300.000 euros pour une représentation sur un salon dont les visiteurs sont très éloignés du spectre de notre cible, je m'interroge quant à l'utilité de cette démarche", avance même un professionnel quelque peu circonspect. Toujours est-il que M. Chanfi tenait absolument à y aller. Accompagné, bien sûr. La délégation mahoraise devrait compter plus de 100 personnes, dont de nombreux maires…

Et lors de ce prochain voyage, les salariés ont prévenu qu'ils seraient très attentifs au retour du reliquat de la caisse commune. Détenue en liquide par le président lors de chaque déplacement, cette caisse commune est utilisée pour les faux frais, en principe peu élevés compte tenu du fait que les délégations du comité voyageant toujours en formule tout compris. Pourtant, la comptabilité n'a jamais enregistré un seul retour de ces fonds, et ce pour tous les déplacements effectués depuis près d'un an par le nouveau président.

La cérémonie d'inauguration du nouveau siège est en soi un exemple révélateur du fonctionnement du comité, caractérisé par l'absence d'organisation et de coordination. Pas de devis ni de consultation et 5000 euros pour un cocktail improvisé. "Là encore, le président a imposé son fournisseur. Ni devis, ni consultations", lâche un salarié écoeuré par ces pratiques si éloignées du droit commun.

Mais comment pourrait-il en être autrement ? Depuis plusieurs mois, le poste de directeur est vacant et personne n'est responsable des affaires courantes. L'ancien titulaire du poste, M. Mecs, était depuis longtemps poussé vers la sortie, pour avoir dénoncé publiquement ces agissements illégaux. La présidence voulait alors lui voir succéder un candidat improbable : une proche d'un vice-président du conseil général. "M. Chanfi avait fait son choix, c'était comme ça. Personne n'avait rien à dire. Les autres dossiers de candidature n'ont jamais été ouverts", témoigne une source. Le tollé suscité par cette affaire, révélée par la presse, a conduit l'entourage du président du comité à lui recommander "d'enterrer provisoirement l'affaire". "Il fallait calmer le jeu. La consigne était de ne plus faire de vague", déclare une source influente au conseil général. Résultat : le navire amiral de la flotte touristique mahoraise navigue à vue. Sans directive, ni projet ou orientation définis, il serait plus juste d'écrire qu'il dérive.

 

François Macone

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