La ministre des Outre-mer est arrivée hier dans la matinée pour tenter de convaincre les Mahorais que l’État ne les abandonne pas. Une mission difficile qui se heurte à la méfiance de la population locale, comme de l’intersyndicale. Pour autant, Annick Girardin a annoncé une série de mesures en termes de sécurité et de lutte contre l’immigration clandestine.
» Vous nous avez abandonnés, madame la Ministre ». Malgré les brimades des Mahorais, Annick Girardin a tenu à démontrer que le gouvernement se mobilise pour leur sécurité. Parmi les mesures annoncées : « le maintien jusqu’à la fin de l’année scolaire de 60 gendarmes » parmi ceux débarqués récemment pour sécuriser la rentrée scolaire. La ministre a également confirmé la création d’une brigade de gendarmerie nationale à Koungou ainsi qu’annoncé « l’augmentation de 50% des effectifs de la réserve territoriale de la gendarmerie » actuellement estimée à 60 réservistes. Annick Girardin a précisé que d’autres effectifs de police viendront prochainement sur le territoire dans le cadre de la création d’une nouvelle « brigade de prévention de la délinquance juvénile ». Enfin, une « police du quotidien » sera mise en place composée de 10 policiers et 20 gendarmes supplémentaires. En matière de lutte contre l’immigration clandestine, la ministre a déclaré qu’un Etat-major opérationnel de lutte contre l’immigration clandestine serait créé. L’envoi d’un navire patrouilleur militaire ainsi que l’accroissement des capacités d’appui aérien en hélicoptères sont également prévus. Enfin, Annick Girardin a précisé qu’il serait prochainement nommé un « officier de liaison au sein du ministère de l’Intérieur comorien afin d’améliorer le dispositif de lutte contre l’immigration clandestine ». Des « sous-mesures d’urgence qui ne résoudront rien sur le long terme », estime le syndicaliste Salim Nahouda.
« La ministre sème la zizanie »
Débarquée en Petite-Terre tôt dans la matinée, la ministre des Outre-mer a tenté d’établir un dialogue avec les Mahorais. Une mission difficile qui s’est heurtée d’emblée à la défiance de l’intersyndicale et à des barrages routiers érigés par plus d’une centaine de manifestants, notamment sur le rond-point du Four à Chaux. « Des élus qui étaient au départ solidaires du mouvement ont finalement décidé d’ouvrir leurs établissements scolaires pour accueillir la ministre », s’enrage Foumo Silahi, l’un des porte-parole de l’intersyndicale. Pour le militant, la ministre « sème la zizanie au sein du mouvement social en le divisant ». Résultat : deux réunions étaient organisées hier, l’une regroupant des élus, le préfet et la ministre, et une autre réunissant l’intersyndicale « et les élus qui sont restés solidaires du mouvement », précise Silahi. Si l’intersyndicale reconnaît « un début d’investissement » chez le gouvernement, les mesures annoncées ne sont pas suffisantes : « Il faut renforcer davantage les effectifs de police et s’occuper des mineurs isolés. Et n’oublions pas l’école, qui reste un problème majeur à Mayotte », martèle Salim Nahouda de l’intersyndicale. Par voie de communiqué, celui-ci ne tempère pas sa colère : « Nous ne cautionnons pas le mépris avec lequel madame la Ministre continue de traiter toute la population de Mayotte ». Il conclut pourtant : « Nous demeurons néanmoins ouverts à de véritables négociations ». Alors que la ministre a annoncé rester quelques jours supplémentaires à Mayotte, ce souhait pourrait bien se réaliser prochainement, ou pas. Quoi qu’il en soit, la ministre a d’ores et déjà promis de revenir « très vite » pour une troisième visite sur l’Ile aux Parfums.
Programme de la ministre et manifestation
Arrivée lundi peu avant 10h, la ministre a tenu à rencontrer directement les manifestants sur les barricades de Petite-Terre. Ces barrages n’étaient pas les seuls puisque la préfecture en a dénombré douze rien qu’en Grande-Terre pour la journée de lundi, et a rapporté des caillassages en matinée sur celui de Koungou. Assise dans l’herbe, Annick Girardin a échangé un temps avec les manifestants. Puis, elle s’est rendue vers 13h place de la République, à Mamoudzou, pour un autre temps d’échange populaire. Si elle a reçu un salouva et un accueil chaleureux d’une habitante, la ministre s’est fait huer à plusieurs reprises et a été « accueillie » par une poignée de manifestantes remontées, brandissant des banderoles sur lesquelles il était marqué « Gouvernement assassin ». Puis, elle s’est rendue au sein de l’hémicycle du Conseil départemental et a discuté avec des citoyennes, dont la Femme leader Faouzia Kordjee. Après un stop à la Maison des entreprises, elle a tenu une conférence de presse puis s’est entretenue avec des élus en Petite-Terre. A l’heure où nous bouclons, le programme de la ministre pour ce mardi n’était toujours pas connu. En revanche, l’intersyndicale a confirmé que la manifestation populaire prévue aujourd’hui était maintenue, avec un rendez-vous à 8h, place de la République, à Mamoudzou.