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Véronique Lepoivre : « L’allaitement maternel est une question de culture »

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Un salouva pour souligner les formes, une danse pour être sexy, des regards et des senteurs, ou encore des soins du corps : à Mayotte, la séduction est un art. Mais comme tout dans cette société en constante évolution, cette séduction change et s'adapte, tout en gardant ses caractéristiques. Une séduction qui s'encanaille aussi, car aujourd'hui le sexe est de moins en moins tabou sur l'île aux parfums. Et si la pudeur est encore de mise, on hésite de moins en moins à se faire plaisir avec des jouets coquins. À l'occasion de la Saint-Valentin, Mayotte Hebdo s'est penchée sur les petits secrets des unes et des autres. Croustillant !

Tradition : la circoncision, ça se fête ! 1/3

On entend un peu tout sur la circoncision, affolant parfois certains et heurtant d'autres cultures. Les anciens sont pour, les nouvelles générations aussi, mais à condition que la pratique soit fiable et exercée par un professionnel de la santé, loin de ce qui se faisait jadis. D'autres plus réticents s'interrogent : Est-ce dangereux ? Pourquoi le jeune garçon doit être circoncis ? Comment se déroule l'acte ? Et de l'autre côté, qu'en est-il des événements religieux et culturels en lien ? Mais en fait, tout simplement, la circoncision, quésaco ? Quelle place tient-elle dans notre société mahoraise ? Autant de questions qui subsistent. Réponses dans notre série de la semaine.

 

Le voulé: toute une histoire

Amical, politique, pédagogique, sportif ou encore électoral, mais toujours festif : à mayotte, le voulé se consomme à toutes les sauces. mais si l'évènement est courant, pour ne pas dire obligatoire, peu savent à quand il remonte et quelles sont ses racines.

« J’ai mis du temps à réaliser que je devenais une prostituée »

À 25 ans, Naima* est maman d'un garçon de dix ans. Ayant arrêté l'école au collège après sa grossesse, l'habitante de Trévani, originaire de Koungou, n'a jamais travaillé. Les écueils de la vie l'ont mené petit à petit à se prostituer durant quelques années pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Depuis un peu plus d'un an, Naima a pris un nouveau tournant : elle ne fréquente plus ses clients et suit une formation professionnalisante dans l'espoir de trouver rapidement un emploi. 

Durant deux jours se tenait la sixième édition des journées périnatales organisées par Répéma – réseau périnatal de Mayotte – à l’hôtel Sakouli. Jeudi, des gynécologues, des pédiatres, des sages-femmes et des puéricultrices sont intervenus pour parler de l’allaitement maternel. Pour l’occasion, Mayotte Hebdo a interviewé Véronique Lepoivre, sage-femme libérale à Labattoir. Selon elle, l’allaitement maternel est ancré dans la culture mahoraise. 

Mayotte Hebdo : Mayotte est le département français le plus pauvre avec près de 80% de la population qui vit en-dessous du seuil de pauvreté. Les mères mahoraises allaitent les bébés de manière naturelle, au sein. Au-delà du contexte de précarité monétaire, pourquoi privilégient-elles l’allaitement maternel ? 

Véronique Lepoivre : Nous sommes, à Mayotte, dans un contexte de précarité monétaire effectivement mais aussi nutritionnel. C’est donc une solution à l’état nutritionnel précaire des enfants puisque cela apporte notamment des anti-corps. Et puis, pour les mamans et les familles qui n’ont pas les moyens, cet allaitement est naturel. Par contre, là où il y a de la disparité c’est dans le niveau de connaissances des parents, qui varient souvent en fonction du milieu social de chacun. Ce n’est pas propre à Mayotte, c’est identique en métropole. Dans les familles les plus scolarisées, nous allons avoir une meilleure alimentation des plus jeunes avec un apport nutritionnel beaucoup plus important. C’est également une question de culture. C’est quelque chose que toutes les femmes ont vu puisqu’elles ont été allaitées par leur maman. Je pense que quand on voit tout le monde allaiter autour de nous et que c’est naturel, nous pouvons être poussés dans ce sens-là. 

MH : À Mayotte, les Mahoraises ont donc choisi l’allaitement maternel. En métropole, l’allaitement artificiel, autrement dit, le biberon, est aussi courant que le naturel. Comment expliquer cette différence ? 

V.L. : En métropole, il y a eu une grande période d’allaitement artificiel et puis les femmes reviennent peu à peu à l’allaitement maternel. En ce moment, surtout en métropole, les femmes font de plus en plus attention à ce qu’elles mangent. C’est un peu une mode. Je pense donc que c’est en partie pour cela que l’allaitement artificiel va s’effacer petit à petit pour faire place au maternel. Et puis, il y a plusieurs cas de figure concernant le choix de l’allaitement : des mamans qui vont donner le sein jusqu’à la diversification alimentaire par exemple. D’autres mamans vont donner le sein surtout les premiers jours et par la suite vont utiliser l’allaitement artificiel. Il y a le désir d’allaiter ou non, pour toute femme. À Mayotte, ce désir est plus prononcé. C’est simple, pour allaiter, il faut le vouloir. C’est une raison propre à chacune mais pour certaines, le sein est quelque chose de sensuel et sexuel et n’est pas du tout nourricier. Le sein reste dans le cadre de la féminité. D’autres encore ont des croyances sur l’allaitement. Elles imaginent que cette pratique transforme et déforme leurs seins. Il y a aussi des premières expériences qui ont pu être extrêmement difficiles pour la mère. Elle peut ne plus ressentir le besoin d’allaiter à nouveau. Des contre-indications médicales peuvent aussi en être à l’origine. 

MH : Dans le département, nombreuses sont les grossesses à risque. Comment se passe la lactation chez la mère après avoir accouché ? 

V.L. : Il y a toujours moyen de stimuler. Une maman qui a son bébé qui n’est pas forcément alimenté au lait – surtout chez les grands prématurés au début – dans les services de pédiatrie et de maternité, nous allons lui proposer de tirer son lait pour stimuler la montée de lait afin qu’elle puisse ensuite donner le sein à son enfant. Mais ce qui nous manque à Mayotte c’est le lactarium. C’est un centre de collecte, de traitement et de distribution de lait maternel. Cette collecte permet pourtant d’alimenter des bébés qui n’ont pas forcément la possibilité d’être allaités par leur mère. Pour eux, le lait maternel a des propriétés biologiques irremplaçables qui favorisent leur croissance et permettent de prévenir certaines pathologies fréquentes. Pour y remédier, les mères peuvent conserver leur lait en surplus dans le congélateur chez elle, soit il est jeté. Ce n’est pas quelque chose d’indispensable puisque nous faisons sans, mais il serait tout de même judicieux d’en avoir un ici à Mayotte.

 

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1086

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